Vendredi 6 septembre 2013 : Zubiri –
Pamplona : 22 km
Maintenant arrive
l’heure de déjeuner et comme tous les midis, la difficulté consiste à trouver une place agréable où l’on puisse
s’asseoir et reposer ses jambes. Il faut quelques fois marcher plusieurs
kilomètres avant de découvrir l’endroit rêvé, car à cette heure, les coins
sympathiques sont déjà occupés par des pèlerins plus matinaux que nous. Mais
aujourd’hui nous avons de la chance, nous dénichons un lieu ombragé et calme en
bordure de l’Arga, un peu à l’écart du chemin. Ce ne sera pas une trucha, mais
un bon sandwich au jambon de Serrano. On apprécie toujours ces moments de pause,
à mi-étape, durant lesquels on peut quitter
chaussures et chaussettes, et reposer ses jambes.
Les buissons de
prunelles en bordure du chemin nous rappellent que nous sommes au pays du
Patcharan, une liqueur propre à la Navarre, réalisée à base de prunelles
sauvages macérées dans de l’alcool anisé et servie en général en digestif, dans
un verre rempli de glaçons. J’ai essayé, c’est tout simplement sublime !
Nous pénétrons dans
Trinidad de Arre par un magnifique pont à 5 arches sur la rivière Ultzama, qui
ici se jette dans l’Arga. La pente du terrain a créé des chutes d’eau
naturelles que les moines de Roncevaux ont utilisées, dès le 12e siècle,
pour alimenter en énergie un moulin à
farine. Mais aujourd’hui, nous ne verrons ni moines ni moulin.
Nous atteignons
enfin Pampelune non sans avoir traversé un enchevêtrement de routes et
d’autoroutes, un décor fait de béton et
d’acier dans lequel le pèlerin a l’impression d’être quantité négligeable. L’entrée
dans les grandes villes se révèle toujours être un exercice long et pénible dans lequel le marcheur ne
trouve aucun plaisir. Parcourir plusieurs kilomètres de trottoirs en fin
d’étape n’a effectivement rien d’excitant, et surtout, échauffe encore
davantage nos pauvres pieds. Pour éviter ces désagréments on peut être tenté
d’emprunter un bus de la ville qui pour un petit euro nous conduira au centre,
mais pour ma part j’ai quelques scrupules à le faire, me disant que c’est un
peu tricher avec les règles, avec la déontologie du chemin. À chacun ses principes !
Depuis ce matin
Marie-Jeanne confie son sac à un service de portage, mais néanmoins elle
souffre encore beaucoup de son genou et rien n’est gagné pour la suite. De mon
côté, pour anticiper, j’imagine tous les scénarios. Que faire si elle abandonne
? Arrêter également ? Poursuivre
seul, partant du principe que si elle jette l’éponge ici, il est fort probable
qu’elle ne reprenne jamais le Camino ? Patientons, et espérons que
Saint-Jacques sera de notre côté !
On ne peut faire
étape à Pampelune sans visiter la cathédrale Santa Maria. D’un style
gothique, construite sur le modèle de celle de Bayonne, elle héberge les
sépulcres de Carlos III de Navarre et de son épouse, Léonor de Castille. L’une
de ses deux tours abrite la cloche
Maria, qui, avec ses 12 tonnes, est la deuxième plus grosse d’Espagne. Le
cloître, avec ses tombeaux sculptés, ses différentes portes, passe pour être un
des plus beaux du pays.
La visite achevée,
nous gagnons le centre-ville, qui,
bien que nous soyons un jour de semaine, grouille de monde. C’est
l’heure à laquelle les gens prennent l’apéritif, souvent installés sur des tables ou des tonneaux devant les bars
avec bien évidemment les incontournables « tapas ». En vain nous
cherchons un menu pérégrino, mais ici, dans une grande ville, et qui plus est
très touristique, le pèlerin ne semble pas être la priorité des restaurateurs.
Nous devons débourser 26 euros pour notre dîner, mais rien à redire, la
prestation justifie le prix. Tout de même, il faudra faire attention pour la
suite si nous voulons rester dans le budget ! Nous retournons au gîte,
impatients de découvrir ce qu’est une nuit en capsule. Elle aurait été calme
s’il n’y avait pas eu tous ces ronfleurs et ces pèlerins qui se lèvent à 5 heures
du matin pour être les premiers au gîte suivant et ainsi pouvoir choisir le
meilleur couchage. C’est malheureusement aussi cela le Camino !
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