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samedi 25 août 2018

Zubiri – Pamplona





Vendredi 6 septembre 2013 :   Zubiri – Pamplona :        22  km


   Hier soir après le dîner, le vent s’était levé, annonçant un changement de temps. Effectivement il a plu dans la nuit, mais heureusement, au petit matin, le soleil brille de nouveau et la journée s’annonce aussi agréable que celle de la veille. À la sortie de la ville, nous longeons une zone industrielle assez sinistre. Elle est occupée par une usine de magnésie dont le produit fini est essentiellement utilisé en agriculture pour l’amendement des sols. On oublie vite ce paysage, largement souillé par l’industrie, pour s’engouffrer dans une forêt avant de traverser le petit village de Llarratz. Nous atteignons  Larrasoana  en franchissant le pont des bandits, un pont en dos d’âne construit à l’époque des Romains. Des gamins jouent dans l’eau, encore douce à cette époque de l’année, et en amont, un pêcheur à la mouche taquine la truite. Dans la région, la truite est une spécialité culinaire : « la trucha à la Navarra », une truite farcie de jambon grillé qui est souvent servie dans le menu du pérégrino. Plus loin nous  découvrons l’église San Nicolas avec son allure de forteresse, mais qui est fermée, comme malheureusement beaucoup d’églises en Espagne et ici aussi nous devons nous contenter de faire la photo. 
 
    Maintenant arrive l’heure de déjeuner et comme tous les midis, la difficulté consiste à  trouver une place agréable où l’on puisse s’asseoir et reposer ses jambes. Il faut quelques fois marcher plusieurs kilomètres avant de découvrir l’endroit rêvé, car à cette heure, les coins sympathiques sont déjà occupés par des pèlerins plus matinaux que nous. Mais aujourd’hui nous avons de la chance, nous dénichons un lieu ombragé et calme en bordure de l’Arga, un peu à l’écart du chemin. Ce ne sera pas une trucha, mais un bon sandwich au jambon de Serrano. On apprécie toujours ces moments de pause, à mi-étape, durant lesquels on peut quitter  chaussures et chaussettes, et reposer ses jambes.
    Les buissons de prunelles en bordure du chemin nous rappellent que nous sommes au pays du Patcharan, une liqueur propre à la Navarre, réalisée à base de prunelles sauvages macérées dans de l’alcool anisé et servie en général en digestif, dans un verre rempli de glaçons. J’ai essayé, c’est tout simplement sublime !
    Nous pénétrons dans Trinidad de Arre par un magnifique pont à 5 arches sur la rivière Ultzama, qui ici se jette dans l’Arga. La pente du terrain a créé des chutes d’eau naturelles que les moines de Roncevaux ont utilisées, dès le 12e siècle, pour  alimenter en énergie un moulin à farine. Mais aujourd’hui, nous ne verrons ni moines ni moulin.
    Nous atteignons enfin Pampelune non sans avoir traversé un enchevêtrement de routes et d’autoroutes, un  décor fait de béton et d’acier dans lequel le pèlerin a l’impression d’être quantité négligeable. L’entrée dans les grandes villes se révèle toujours être un exercice long et  pénible dans lequel  le marcheur ne trouve aucun plaisir. Parcourir plusieurs kilomètres de trottoirs en fin d’étape n’a effectivement rien d’excitant, et surtout, échauffe encore davantage nos pauvres pieds. Pour éviter ces désagréments on peut être tenté d’emprunter un bus de la ville qui pour un petit euro nous conduira au centre, mais pour ma part j’ai quelques scrupules à le faire, me disant que c’est un peu tricher avec les règles, avec la déontologie du chemin.  À chacun ses principes !

   Depuis ce matin Marie-Jeanne confie son sac à un service de portage, mais néanmoins elle souffre encore beaucoup de son genou et rien n’est gagné pour la suite. De mon côté, pour anticiper, j’imagine tous les scénarios. Que faire si elle abandonne ? Arrêter  également ? Poursuivre seul, partant du principe que si elle jette l’éponge ici, il est fort probable qu’elle ne reprenne jamais le Camino ? Patientons, et espérons que Saint-Jacques sera de notre côté !
    Le Puente de la Magdalena traversé, nous pénétrons dans la vieille ville en franchissant la  Porte de France et parvenons à notre gîte qui se situe à  quelques pas de là. Il s’agit d’une  vieille demeure de ville dont l’intérieur a été complètement rénové et de manière très fonctionnelle. L’originalité des lieux tient aux couchages qui se trouvent dans des capsules, en fait des alcôves superposées  sur deux niveaux, chacune d’elles fermant par un volet, avec à l’intérieur tout l’équipement nécessaire : coffre à serrure pour les affaires personnelles, éclairage, prises pour recharger téléphone et appareil photo. Rien à redire, d’autant que l’accueil se révèle être également de qualité. 
    On ne peut faire étape à Pampelune sans visiter la cathédrale Santa Maria. D’un style gothique, construite sur le modèle de celle de Bayonne, elle héberge les sépulcres de Carlos III de Navarre et de son épouse, Léonor de Castille. L’une de ses deux tours abrite  la cloche Maria, qui, avec ses 12 tonnes, est la deuxième plus grosse d’Espagne. Le cloître, avec ses tombeaux sculptés, ses différentes portes, passe pour être un des plus beaux du pays.
    La visite achevée, nous gagnons  le centre-ville,  qui,  bien que nous soyons un jour de semaine, grouille de monde. C’est l’heure à laquelle les gens prennent l’apéritif, souvent installés sur  des tables ou des tonneaux devant les bars avec bien évidemment les incontournables « tapas ». En vain nous cherchons un menu pérégrino, mais ici, dans une grande ville, et qui plus est très touristique, le pèlerin ne semble pas être la priorité des restaurateurs. Nous devons débourser 26 euros pour notre dîner, mais rien à redire, la prestation justifie le prix. Tout de même, il faudra faire attention pour la suite si nous voulons rester dans le budget ! Nous retournons au gîte, impatients de découvrir ce qu’est une nuit en capsule. Elle aurait été calme s’il n’y avait pas eu tous ces ronfleurs et ces pèlerins qui se lèvent à 5 heures du matin pour être les premiers au gîte suivant et ainsi pouvoir choisir le meilleur couchage. C’est malheureusement aussi cela le Camino !

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