Translate

samedi 25 août 2018

Saint-Jean-pied-de-Port – Roncevaux





Lundi 24 septembre 2012 :   Saint-Jean-pied-de-Port     – Roncevaux :  27 km


     L’étape du jour jouit de la triste réputation d’être la plus difficile du pèlerinage ; en contrepartie, si le temps est favorable, elle peut aussi être la plus belle, celle que l’on n’oublie pas. Nous partons peu avant 8 heures après avoir profité, durant le petit déjeuner, d'un magnifique lever de soleil sur les Pyrénées. Le temps est sec et la météo n’annonce pas de pluie pour la journée. Le responsable du gîte nous a mis en garde, nous confirmant que nous aurions certainement beau temps mais qu'il pourrait y avoir un petit peu de vent sur le dessus. Quel bel euphémisme !
     Lorsque nous nous mettons en route, nous découvrons un chemin qui n’a rien de commun avec celui que nous avons connu en amont des Pyrénées. La fréquentation n’y est en rien comparable. Le nombre de pèlerins a été soudainement multiplié par deux, voire par trois. Je dépasse des Américaines, une Anglaise, des Hollandaises, des Coréennes... Pour comprendre le phénomène, il faut expliquer que la plupart des  gens qui gravissent ce matin avec nous les pentes de Roncevaux sont arrivés la veille en gare de Saint-Jean-pied-de-Port et débutent leur Camino par cette étape. Dur pour une mise en jambe !  Ce que nous sommes en train de constater confirme les propos de notre hébergeur qui nous disait hier soir que sur 40.000 pèlerins qui passent annuellement à Saint-Jean-pied-de-Port, 30.000 au moins prennent le départ ici.
    La côte est rude, mais pas vraiment difficile pour qui vient de boucler 500 kilomètres. La difficulté, nous la rencontrons très vite, davantage que la pente, c'est le vent ; un vent cent pour cent de face, qui rend notre progression extrêmement  pénible, voire à certains moments, impossible.
     Sinon, le chemin est plaisant. À mesure que l’on s’élève,  on peut admirer les paysages  de la vallée de la Nive. Nous traversons les estives où paissent des troupeaux de moutons. Plus haut nous découvrons la Vierge de Biakorri  (nom qui en basque signifie « les vents qui courent »  on comprend !). Des pèlerins se prosternent, d’autres déposent des effets personnels pour solliciter ses grâces. On raconte qu’une nuit d’orage, le rocher qui supporte la Vierge aurait été fendu par la foudre, tandis que la statue serait restée intacte. Une légende qui a alimenté la ferveur de  toute la population et particulièrement des bergers qui ont vus dans ce miracle un pouvoir divin propre à assurer la protection de leurs troupeaux.
    Nous trouvons une petite cuvette un peu abritée des bourrasques  pour  y déguster notre sandwich. À la fin du repas, alors que nous allons quitter notre refuge pour affronter ce vent qui n’a pas faibli, comme une apparition divine, nous voyons devant nous surgir Diego, le petit Espagnol. Le Chemin est vraiment magique ! Nous savons que ce sera certainement la dernière rencontre, alors nous nous étreignons longuement et puis échangeons nos coordonnées. Je lui promets de lui envoyer des photos (il a cassé son appareil), il me promet une carte postale de Santiago.
     Enfin, peu après la Fontaine de Roland, nous franchissons le  col Lepoerder  à 1430 mètres qui marque le passage en Espagne.  Une descente très accidentée à travers les forêts de hêtres nous permet d’atteindre  Roncevaux. Nous y parvenons à  16 heures.
     Nous  avons donné rendez-vous à Bernard, un pèlerin qui a commencé le Chemin avec nous en 2011 et  l’a poursuivi seul en 2012 mais avec  une petite avance sur nous. Nous l’avons  rattrapé et là, c'est la jonction, les retrouvailles, encore la magie du Chemin !
    Pour fêter  l’évènement, ce sera deux  tournées de  « cerveza »  (la bière en espagnol) et nous nous quittons, nous disant que l'année prochaine nous pourrions peut-être  achever le Camino ensemble.
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Nhésitez pas à me mettre un commentaire , une question ... je vous répondrai