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dimanche 26 août 2018

Villavente – Astorga




Mardi 9 septembre 2014 :  Villavente – Astorga :  21.5 km


    Nous prenons un copieux petit déjeuner avant de nous élancer sur notre deuxième  étape. Dans la salle à manger, je retrouve Coco, le perroquet. Sa cage a été découverte et il recommence ses discussions avec tous ceux qui  lui prêtent attention. Tout n’est pas compréhensible et c’est même bien difficile de dire s’il parle en espagnol ou en français.
  Après une heure de marche nous découvrons Puente de Orbigo, célèbre pour son grand pont de 24 arches et plus de 200 mètres de long, le plus grand du Camino. Une légende y est attachée.
      La légende raconte que sur ce pont, un chevalier de la province de León affronta en duel les étrangers qui voulaient le franchir pour se délier d'une promesse d'esclavage vis-à-vis de son aimée Doña Leonor, pour laquelle il devait jeûner chaque jeudi et porter un lourd carcan en fer autour du cou. Il devait rompre 300 lances. Il n'y parvint pas, mais les juges de la Joute récompensèrent Don Suero en le libérant de son carcan. C'est pour cette raison que le pont est connu sous le nom « Passo Honroso » (passage de l'honneur).
   Le pont franchi, nous atteignons Hospital de Orbido, y faisons les courses du déjeuner et visitons l’église dédiée à Sainte Marie. Le reste de l’étape se révèle assez peu passionnant sur le plan des paysages. Le chemin serpente à travers des forêts de chênes rabougris, entrecoupées de friches. Le sol est couvert d’une terre de couleur rougeâtre, à mesure que l’on progresse apparaissent quelques cultures et même quelques vignes. Elles sont bien différentes de celles de la Bourgogne : ici, pas de rangées bien apparentes, ni piquet ni fil pour maintenir les ceps verticaux, mais des lianes qui courent à même le sol et à certains endroits le recouvrent complètement. J’ai du mal à comprendre comment les vignerons peuvent automatiser leurs travaux et surtout comment ils peuvent faire les vendanges. Mais ne nous apitoyons pas, car s’ils ont choisi que ce ne soit pas autrement, c’est qu’ils y trouvent certainement avantage.
   Nous traversons de petits bourgs. Après Santibânez de Valdeiglesias, apparait Santo Justo de la Vega. Ces villages vivent avec le Camino. Ils offrent aux pèlerins des hébergements, que ce soit dans une albergue municipale ou des albergues privées. D’autres sont mieux pourvus et proposent des Casa rurales, plus chères, mais aussi plus confortables.  À l’entrée des villages ou sur la place centrale, nous rencontrons assez fréquemment des statues : ici c’est un pèlerin qui boit à sa calebasse, à l’entrée d’Astorga un autre qui marche, pris dans ses pensées et portant une lourde valise sur ses épaules. Preuve s’il en faut, que le sac à dos, si cher au randonneur d’aujourd’hui, n’a pas toujours existé !
  Nous parvenons à la Cruz de Santo Toribio, un site qui offre une vue panoramique sur Astorga. Un calvaire y a été érigé pour commémorer la fuite d’un évêque de la ville.
      Santo Toribio (évêque d'Astorga du Vè siècle) était l'objet d'humiliantes rumeurs sur son absence de chasteté. Excédé, il quitta la ville en se jurant de ne plus y revenir. Arrivé sur une colline qui surplombe la ville, il se serait déchaussé et aurait secoué ses sandales en disant : «  de Astorga, ni el polvo ! », (« D'astorga, je n'emmène rien, même pas la poussière   ! »).
Une grande sécheresse sévit alors sur le pays. Les habitants repentis vinrent implorer son retour.
Comme il bénissait la ville sur la colline de San Justo, la pluie se mit à tomber miraculeusement... Et pour mieux l'accueillir dans sa ville, les cloches des églises sonnèrent toutes seules sur son passage...

   Après le pont à trois arches qui permet de franchir le Rio Tuerto, un ouvrage métallique  très compliqué, fait de passerelles sur différents niveaux, permet aux piétons et cyclistes de traverser sans risque la voie ferrée. Je ne suis pas architecte mais j’ai tout de même l’impression que l’on aurait pu faire plus simple et certainement moins coûteux !
  Astorga, par sa superficie, sa population, et surtout ses richesses architecturales, représente une des plus  grandes villes du chemin espagnol. C’est également une jonction d’itinéraires. Se rejoignent effectivement ici, le Camino Frances que nous empruntons depuis Roncevalles et la Via de la Plata qui part de Séville. Ce détail n’est pas neutre, car cela signifie  qu’à partir de demain nous rencontrerons encore davantage de marcheurs.
    Nous pénétrons maintenant dans la Plaza Mayor, une immense place rectangulaire, bordée de bars, de restaurants et fermée à son extrémité par l’hôtel de ville, un édifice de style baroque flanqué sur ses côtés de deux tours carrées. Après l’installation à l’hôtel, nous visitons la ville, à commencer par la cathédrale Santa Maria. Le portail et le tympan sont richement décorés : une scène y montre le Christ donnant des ordres à ses apôtres. Saint-Jacques y est représenté, agenouillé et vêtu d’un habit de pèlerin. La façade surprend par la différence de teinte de ses deux tours. L’explication tient au fait que l’une d’elles a été détruite lors du tremblement de terre de Lisbonne en 1755 et elle ne fut complètement remise en état qu’en 1965. La différence des époques explique la différence des couleurs.
        Attenante à la Cathédrale, l’église Santa Marta et la maison des emmurées avec son unique fenêtre par laquelle les passants offraient la nourriture à des emmurées vivantes (femmes de mauvaise vie, condamnées ou pénitentes volontaires). Une autre fenêtre communiquait avec la chapelle de l'église de Santa Marta pour leur permettre d'assister aux offices sacrés.
              Nous achevons la visite de la ville par le palais épiscopal, œuvre du grand architecte Gaudi. On y reconnaît tout ce qui fait la particularité de son style, mêlant dans un équilibre harmonieux, fer forgé, vitraux, mosaïque et céramique.  Du Gaudi ! Grandiose !
     Après le dîner, nous ne résistons pas à faire un tour en ville pour y découvrir la vie nocturne qui commence à s’installer sur la Plaza Mayor. Bars et restaurants de la place sont bondés, pour beaucoup de clients la journée de travail est terminée et maintenant c’est l’heure des tapas et du vino. Certains clients consomment en terrasse mais beaucoup se tiennent debout devant les bars,  discutant entre eux dans un brouhaha si assourdissant qu’il est bien difficile pour nous de saisir le moindre mot de leurs conversations. Nous prenons un verre et bavardons entre nous, commentant tout ce qui a fait la spécificité de cette journée, les rencontres, les difficultés, les paysages et maintes autres choses.  Le petit personnage du jacquemart de l’hôtel de ville frappe les 22 heures et nous rappelle que demain une nouvelle étape nous attend.  Buenas noches ! 










           

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