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dimanche 26 août 2018

Leon – Villavente





           Lundi 8 septembre 2014 :   Leon – Villavente :  23 km


    Ce matin la ville nous apparaît enveloppée dans un épais brouillard qui ne semble pas pressé de se lever. Les fortes pluies d’hier en sont certainement la cause. Pour cette étape, et comme beaucoup de pèlerins, nous avons choisi d’effectuer la sortie de la ville de Léon en bus. Ce parcours qui traverse les zones industrielles et commerciales n’a effectivement rien de passionnant. J’avais lu dans un récit de pèlerin que cette liaison de 4 à 5 kilomètres était assurée par des bus « Azul ». J’avais alors interprété, qu’« Azul », était le nom de la société  de transport et que c’était donc ce logo qu’il fallait chercher sur les autocars que l’on voyait passer à la station. Nous avons attendu, mais  en vain, et ce n’est qu’un peu plus tard, interrogeant un passant, que j’ai compris mon erreur : « Azul » signifie « bleu » en espagnol et il fallait tout simplement chercher des bus de la couleur du ciel. Il est vraiment  urgent que je prenne des cours d’espagnol !
    Le bus nous dépose à son terminus situé juste devant l’Église de la Virgen del Camino. Il s’agit d’un édifice moderne, érigé en 1961, qui rappelle assez fortement le style Le Corbusier. Sur sa façade de béton, riche en vitraux multicolores,  sont dressées 13 statues géantes représentant la vierge entourée des 12 apôtres. Saint Jacques le Majeur, reconnaissable aux coquilles qu’il porte sur sa toge, indique aux pèlerins la direction de Compostelle. À l’intérieur, un retable baroque tranche avec la modernité de la construction. L’église a remplacé un sanctuaire du 16e siècle, lequel avait une histoire car il reposait sur une légende :
   En effet une  légende dit qu’en 1506 la vierge serait apparue à un berger du nom de Alvar Simon  lui demandant de construire un sanctuaire ; comme il réclamait un signe, elle envoya un caillou à 600 pas qui devint un gros rocher. Une chapelle fut alors construite en 1513 dans laquelle les miracles se multiplièrent.
   La visite terminée, nous reprenons le chemin. La traversée de Léon n’a pas transformé radicalement le paysage. Nous pérégrinons  toujours dans un décor de Meseta que l’on nomme ici « Le Paramo » et qui signifie le désert : c’est dire combien les cultures et les hommes y sont rares !
    À partir de ce lieu, deux possibilités s’offrent aux pèlerins pour rejoindre Hospital de Orbito : le Camino Real, en bordure de la route nationale, ou la Calzida de los Peregrinos, un peu plus longue mais beaucoup moins ennuyeuse. C’est cette voie qui nous choisissons d’emprunter. À Villar de Mazariffe, nous faisons halte dans un bar du village pour nous rafraîchir et prendre un bocadillo (sandwich généralement garni de jambon cru de Serrano). À la sortie, histoire d’améliorer notre espagnol, nous entamons la discussion  avec le cantonnier du village occupé à nettoyer les rigoles et qui nous vante les bienfaits de sa ceinture lombaire ; plus loin, c’est un jardinier qui nous fait découvrir les fruits de son jardin, et particulièrement des oignons de très grosse taille. D’une manière générale les villageois apprécient que nous échangions quelques mots avec eux. L’accueil est toujours chaleureux, signe peut être d’une certaine reconnaissance à notre égard. Il faut dire que le Camino représente un intérêt économique certain pour  tous les villages traversés et donc, en ces périodes de crise, vivre sur le tracé du chemin procure un véritable avantage à la population.
   Le chemin, qui depuis ce matin serpentait au gré du relief, se transforme maintenant en une longue ligne droite complètement plane  dont nous avons beaucoup de mal à  en apercevoir l’extrémité. Mon Dieu que c’est long ! Il est 17 heures lorsque nous atteignons enfin Villavente et notre gîte. Notre hôte nous installe dans nos chambres respectives. Très vite je remarque ce perroquet dont la cage est située juste devant ma porte et qui n’arrête pas d’interpeller les visiteurs. Je crains pour la nuit. L’aubergiste, qui a bien perçu mon inquiétude,  me rassure sur-le-champ : la cage du volatile sera bâchée et déplacée dans la salle à manger. Ouf !
   Au dîner, nous faisons la connaissance de Vicento, un Italien qui termine ses études en biologie moléculaire et qui actuellement fait de la recherche en Allemagne, à Nöttingen. Après le repas nous profitons de la douceur de la soirée pour faire un petit tour digestif dans le village. Traversant la place, nous retrouvons ces scènes bien familières en Espagne, avec tous ces petits vieux, assis sur des bancs, la canne à la main, et discutant entre eux. Nous les sentons heureux de passer ces moments ensemble et vraiment pas pressés de mettre un terme à leurs conversations.    

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