Lundi 8 septembre 2014 :
Leon – Villavente : 23 km
Ce matin la ville nous apparaît enveloppée
dans un épais brouillard qui ne semble pas pressé de se lever. Les fortes
pluies d’hier en sont certainement la cause. Pour cette étape, et comme
beaucoup de pèlerins, nous avons choisi d’effectuer la sortie de la ville de
Léon en bus. Ce parcours qui traverse les zones industrielles et commerciales
n’a effectivement rien de passionnant. J’avais lu dans un récit de pèlerin que cette
liaison de 4 à 5 kilomètres était assurée par des bus « Azul ».
J’avais alors interprété, qu’« Azul », était le nom de la société de transport et que c’était donc ce logo qu’il
fallait chercher sur les autocars que l’on voyait passer à la station. Nous
avons attendu, mais en vain, et ce n’est
qu’un peu plus tard, interrogeant un passant, que j’ai compris mon erreur : « Azul »
signifie « bleu » en espagnol et il fallait tout simplement chercher
des bus de la couleur du ciel. Il est vraiment
urgent que je prenne des cours d’espagnol !
Le bus nous dépose à son terminus situé
juste devant l’Église de la Virgen del Camino. Il s’agit d’un édifice moderne,
érigé en 1961, qui rappelle assez fortement le style Le Corbusier. Sur sa
façade de béton, riche en vitraux multicolores,
sont dressées 13 statues géantes représentant la vierge entourée des 12
apôtres. Saint Jacques le Majeur, reconnaissable aux coquilles qu’il porte sur
sa toge, indique aux pèlerins la direction de Compostelle. À l’intérieur, un
retable baroque tranche avec la modernité de la construction. L’église a
remplacé un sanctuaire du 16e siècle, lequel avait une histoire car
il reposait sur une légende :
En effet une
légende dit qu’en 1506 la vierge serait apparue à un berger du nom de
Alvar Simon lui demandant de construire
un sanctuaire ; comme il réclamait un signe, elle envoya un caillou à
600 pas qui devint un gros rocher. Une chapelle fut alors construite en 1513
dans laquelle les miracles se multiplièrent.
La visite terminée, nous reprenons le
chemin. La traversée de Léon n’a pas transformé radicalement le paysage. Nous pérégrinons
toujours dans un décor de Meseta que
l’on nomme ici « Le Paramo »
et qui signifie le désert : c’est dire combien les cultures et les
hommes y sont rares !
À partir de ce lieu, deux possibilités
s’offrent aux pèlerins pour rejoindre Hospital de Orbito : le Camino
Real, en bordure de la route nationale, ou la Calzida de los Peregrinos, un peu
plus longue mais beaucoup moins ennuyeuse. C’est cette voie qui nous
choisissons d’emprunter. À Villar de Mazariffe, nous faisons halte dans un bar
du village pour nous rafraîchir et prendre un bocadillo (sandwich généralement
garni de jambon cru de Serrano). À la sortie, histoire d’améliorer notre
espagnol, nous entamons la discussion
avec le cantonnier du village occupé à nettoyer les rigoles et qui nous
vante les bienfaits de sa ceinture lombaire ; plus loin, c’est un
jardinier qui nous fait découvrir les fruits de son jardin, et particulièrement
des oignons de très grosse taille. D’une manière générale les villageois
apprécient que nous échangions quelques mots avec eux. L’accueil est toujours
chaleureux, signe peut être d’une certaine reconnaissance à notre égard. Il
faut dire que le Camino représente un intérêt économique certain pour tous les villages traversés et donc, en ces
périodes de crise, vivre sur le tracé du chemin procure un véritable avantage à
la population.
Le chemin, qui depuis ce matin serpentait au
gré du relief, se transforme maintenant en une longue ligne droite complètement
plane dont nous avons beaucoup de mal à en apercevoir l’extrémité. Mon Dieu que c’est
long ! Il est 17 heures lorsque nous atteignons enfin Villavente et notre
gîte. Notre hôte nous installe dans nos chambres respectives. Très vite je
remarque ce perroquet dont la cage est située juste devant ma porte et qui
n’arrête pas d’interpeller les visiteurs. Je crains pour la nuit. L’aubergiste,
qui a bien perçu mon inquiétude, me
rassure sur-le-champ : la cage du volatile sera bâchée et déplacée
dans la salle à manger. Ouf !
Au dîner, nous faisons la connaissance de
Vicento, un Italien qui termine ses études en biologie moléculaire et qui
actuellement fait de la recherche en Allemagne, à Nöttingen. Après le repas
nous profitons de la douceur de la soirée pour faire un petit tour digestif
dans le village. Traversant la place, nous retrouvons ces scènes bien
familières en Espagne, avec tous ces petits vieux, assis sur des bancs, la
canne à la main, et discutant entre eux. Nous les sentons heureux de passer ces
moments ensemble et vraiment pas pressés de mettre un terme à leurs
conversations.
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