Mercredi
10 septembre 2014 : Astorga
– Rabanal del Camino : 20 km
Comme chaque jour, à l’heure de notre
départ, le soleil commence à s’élever au-dessus de l’horizon inondant le
paysage d’une belle couleur orangée pleine de nuances. Ce matin, c’est
encore le cas, et en quittant le gîte,
Astorga et tout particulièrement la cathédrale faite de grès rose, nous
apparaissent avec des teintes dorées, très chaudes que nous n’avions pas
connues la veille. Cette lumière matinale nous permet de mieux distinguer, au
sommet de l’édifice, un personnage appelé par les habitants « Pedro Mato ».
Rien d’original à cela, sauf qu’à bien observer, nous remarquons qu’il manque
un doigt à la statue. Beaucoup d’hypothèses sur le sujet, mais celle qui
prévaut voudrait que, lors de l’occupation de la région par les troupes napoléoniennes,
un soldat ait tiré dessus et brisé le doigt qui serait alors tombé au sol,
tuant deux soldats français. Légende ou histoire, nous n’irons pas
enquêter !
Nous quittons la ville par la porte San
Pedro. L’étape du jour nous conduit sur le versant est des monts du Léon, nous
faisant passer d’une altitude de 860 mètres à 1150 mètres. Auparavant, nous
achevons la traversée de la Maragateria, qui offre encore à nos yeux de
magnifiques paysages où alternent landes et
forêts de chênes verts. Au loin, au sommet des collines, apparaissent de
véritables chapelets d’éoliennes.
À mi-parcours, nous traversons El Ganzo
(l’oie), un village abandonné par ses habitants, dans lequel la plupart des
maisons sont en ruine. En bordure de ces masures, des roses trémières de
différentes couleurs apportent une petite note de gaieté. Heureusement,
quelques demeures, récemment rénovées, redonnent un semblant de vie à l’endroit.
Leurs propriétaires ont su profiter de l’opportunité que présentait le Camino,
et les ont transformées en bars, en albergues ou encore en gîtes privés.
À la sortie de ce village, deux dames me
demandent de les photographier. Elles sont toutes deux Danoises, l’une se
prénomme Wips, un prénom qui n’est pas commun chez nous, et l’autre Brigitte.
Le chemin favorise beaucoup les rencontres entre pèlerins. Dans la plupart
des cas, on échange quelques mots et puis on se quitte, chacun reprenant sa
route. Par contre, avec elles, ce sera différent. Elles marchent à notre
rythme, effectuent les mêmes étapes, et recherchent le même genre d’hébergement
que nous, ce qui fait que nous les retrouverons très souvent sur le parcours.
Même si la langue ne favorise pas les échanges, au fil du temps une sorte de
complicité est née entre elles et nous.
En milieu d’après-midi nous atteignons
Rabanal del Camino, le terme de notre étape. Il n’est pas très tard et à cette
heure le soleil est encore chaud, alors nous en profitons pour faire notre
première grande lessive. Certains gîtes
sont équipés de machine à laver, c’est le cas dans celui-ci.
Le soir, nous dînons avec un couple de
Français, Marie et Christian, originaires d’Angers. Ils sont venus cette année « faire »
une dizaine d’étapes sur le Chemin. Il y a quelques jours ils ont fait halte
dans une albergue, l’albergue Jacques-de-Molay, où ils se sont faits piquer, on
peut même dire dévorer, à voir les
cicatrices, par des punaises de lit. Christian a passé sa nuit, nous dit-il, à
écraser ces insectes contre les murs de la chambre. Il y avait longtemps que
l’on n’avait pas entendu parler de ce fléau ce qui me faisait penser qu’il
avait été éradiqué. Que nenni !
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