Mercredi 11 septembre 2013 : Viana -
Navarrete : 22 km
Départ peu avant
huit heures après une très mauvaise nuit durant laquelle j’ai eu beaucoup de difficulté
à trouver le sommeil. Pas de petit-déjeuner avant le départ, la journée débute
vraiment mal, d’autant que Marie-Jeanne
nous annonce qu’elle souffre énormément de son genou et pense arrêter le
Camino. Dur ! Je me dis alors que maintenant il va falloir sérieusement
songer au plan B !
Néanmoins nous
reprenons notre pérégrination, nous félicitant d’avoir raccourci la grande
étape que nous avions prévue initialement.
Nous pénétrons maintenant dans la Rioja, la vigne a remplacé les champs
de blé. Ce n’est pas encore les vendanges, mais les vignes y ont été préparées,
les raisins semblent bien fournis en grains et très sains, ce devrait être
encore une bonne année pour ce vin d’exception !
Voilà Logroño, la
capitale de la région autonome de Rioja, une ville qui ne compte pas moins de
150 000 habitants. Nous atteignons le centre de la cité en traversant un
grand pont de pierre sur l’Ebre. Bien que nous soyons très en amont du fleuve, sa largeur à cet
endroit est déjà conséquente. Devant l’église Santiago de Real, un jeu de l’oie
au sol symbolise les étapes vers Compostelle, au-dessus de son portail un
haut-relief représente Saint-Jacques Matamoros (tueur de Maures), brandissant un sabre et chevauchant un cheval
fougueux qui foule de ses pattes les têtes des Sarrasins vaincus. Cette
sculpture illustre la légende de la bataille de Clavijo, au cours de laquelle
l’apôtre serait apparu à cheval, en plein ciel, galvanisant les chrétiens, et
leur offrant une victoire dont le
retentissement allait donner le signal de la Reconquista.
J’interroge un
passant pour qu’il m’indique où trouver la cathédrale Santa Maria ; très
sympathique, il n’hésite pas un seul instant, il abandonne son épouse et ses
enfants qui marchaient à ses côtés, et fait le détour pour nous y conduire. Muchas gracias señor ! Ces situations ne sont pas rares en
Espagne ; nous constatons effectivement un accueil assez exceptionnel de
la part de la population ; là où le passant que nous interrogeons pourrait nous
dire simplement : « prenez à droite
puis tournez à gauche après le pont», certains préfèrent nous accompagner,
peut-être pour s’assurer que l’on a bien compris du fait de notre différence de
langue ou plus vraisemblablement, à travers ce geste, nous témoigner une
certaine forme de sympathie.
Il est maintenant
tout près de 11 heures lorsque nous prenons le « desayuno » (petit-déjeuner) sur une petite place avant de
quitter la ville. Si sur le Camino les
menus du pèlerin sont copieux rapportés à leur prix, ce n’est pas le cas des
petits-déjeuners ; Il faut souvent se contenter d’une tasse de café et de
2 toasts grillés pour 4 à 5 euros. J’ai connu des portions de chemin où l’on
trouvait en maraudant de quoi apaiser la faim, une pomme, des prunes vers Agen,
ou encore des noix, mais ici, hormis quelques mûres qu’il faut glaner au prix
de beaucoup de piqûres d’épines, il n’y a rien de bien consistant pour faire
patienter l’estomac.
Lorsque nous
parvenons à proximité de Navarrete notre attention est soudainement attirée par
une importante présence policière sur la route. Que se passe-t-il ?
Accident, manifestation … ? Nous en
comprenons la raison lorsque surgit un peloton d’une centaine de coureurs. Je
saisis, mais trop tard, c’est la Vuelta, le tour d’Espagne, et nous sommes sur
l’étape qui conduit à Burgos ! Je cours mais je suis encore à 200 mètres des
coureurs, c’est beaucoup trop, j’aurais voulu applaudir Thibault Pinot qui
habite en Haute-Saône tout près de chez moi. Il aurait bien mérité ces
encouragements, car il est alors 7ème au général, il faut le faire, bravo Thibault !
L’hébergement du
jour se trouve en plein centre de Navarrete. Juste devant nos fenêtres, il y
a une terrasse de bar avec déjà un
certain nombre de pèlerins se rafraîchissant après l’étape. Nous les rejoignons
et pour nous ce sera un verre de Rioja blanc accompagné de quelques olives. Il
y a là beaucoup de gens connus, dont le
couple de Canadiens rencontré à Pampelune qui prend également l’apéritif. Après
la visite de l’église, nous gagnons le restaurant. Nous y retrouvons Jean-Patrick
et Christelle avec qui nous faisons un peu plus connaissance et échangeons nos
numéros de portables et nos adresses mail. À la table voisine s’installent deux
jeunes filles qui pérégrinent ensemble. En engageant la conversation, nous
apprenons qu’elles sont sœurs et originaires des îles Féroé. Je pense alors en
moi-même que cette rencontre a quelque
chose d’incroyable : moins de 50.000 habitants dans ce pays lointain, et
deux exemplaires sont parmi nous ce soir sur le Chemin ! Un pays, que
jusque-là je ne savais même pas situer sur la mappemonde ; je n’avais
entendu parler que de leur équipe de foot, la seule que la France était à coup
sûr capable de battre. Je leur cite cette anecdote et cela les fait bien rire. Je
pense que je ne suis pas le premier à les avoir taquinées sur ce sujet !
Nous avons passé ici, en leur compagnie, une des plus belles soirées du Camino.
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