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dimanche 26 août 2018

Viana - Navarrete





Mercredi 11 septembre 2013 :  Viana  -  Navarrete :        22 km


     Départ peu avant huit heures après une très mauvaise nuit durant laquelle j’ai eu beaucoup de difficulté à trouver le sommeil. Pas de petit-déjeuner avant le départ, la journée débute vraiment mal, d’autant  que Marie-Jeanne nous annonce qu’elle souffre énormément de son genou et pense arrêter le Camino. Dur ! Je me dis alors que maintenant il va falloir sérieusement songer au plan B !
    Néanmoins nous reprenons notre pérégrination, nous félicitant d’avoir raccourci la grande étape que nous avions prévue initialement.  Nous pénétrons maintenant dans la Rioja, la vigne a remplacé les champs de blé. Ce n’est pas encore les vendanges, mais les vignes y ont été préparées, les raisins semblent bien fournis en grains et très sains, ce devrait être encore une bonne année pour ce vin d’exception !
    Voilà Logroño, la capitale de la région autonome de Rioja, une ville qui ne compte pas moins de 150 000 habitants. Nous atteignons le centre de la cité en traversant un grand pont de pierre sur l’Ebre. Bien que nous soyons  très en amont du fleuve, sa largeur à cet endroit est déjà conséquente. Devant l’église Santiago de Real, un jeu de l’oie au sol symbolise les étapes vers Compostelle, au-dessus de son portail un haut-relief représente Saint-Jacques Matamoros (tueur de Maures),  brandissant un sabre et chevauchant un cheval fougueux qui foule de ses pattes les têtes des Sarrasins vaincus. Cette sculpture illustre la légende de la bataille de Clavijo, au cours de laquelle l’apôtre serait apparu à cheval, en plein ciel, galvanisant les chrétiens, et leur offrant  une victoire dont le retentissement allait donner le signal de la Reconquista.
    J’interroge un passant pour qu’il m’indique où trouver la cathédrale Santa Maria ; très sympathique, il n’hésite pas un seul instant, il abandonne son épouse et ses enfants qui marchaient à ses côtés, et fait le détour pour nous y conduire. Muchas gracias señor ! Ces situations ne sont pas rares en Espagne ; nous constatons effectivement un accueil assez exceptionnel de la part de la population ; là où le passant que nous interrogeons pourrait nous dire simplement : « prenez à droite puis tournez à gauche après le pont», certains préfèrent nous accompagner, peut-être pour s’assurer que l’on a bien compris du fait de notre différence de langue ou plus vraisemblablement, à travers ce geste, nous témoigner une certaine forme de sympathie.  
   Il est maintenant tout près de 11 heures lorsque nous prenons le « desayuno » (petit-déjeuner) sur une petite place avant de quitter la ville. Si sur le Camino  les menus du pèlerin sont copieux rapportés à leur prix, ce n’est pas le cas des petits-déjeuners ; Il faut souvent se contenter d’une tasse de café et de 2 toasts grillés pour 4 à 5 euros. J’ai connu des portions de chemin où l’on trouvait en maraudant de quoi apaiser la faim, une pomme, des prunes vers Agen, ou encore des noix, mais ici, hormis quelques mûres qu’il faut glaner au prix de beaucoup de piqûres d’épines, il n’y a rien de bien consistant pour faire patienter l’estomac.
     Lorsque nous parvenons à proximité de Navarrete notre attention est soudainement attirée par une importante présence policière sur la route. Que se passe-t-il ? Accident, manifestation … ?  Nous en comprenons la raison lorsque surgit un peloton d’une centaine de coureurs. Je saisis, mais trop tard, c’est la Vuelta, le tour d’Espagne, et nous sommes sur l’étape qui conduit à Burgos ! Je cours mais je suis encore à 200 mètres des coureurs, c’est beaucoup trop, j’aurais voulu applaudir Thibault Pinot qui habite en Haute-Saône tout près de chez moi. Il aurait bien mérité ces encouragements, car il est alors 7ème au général, il faut le faire,  bravo Thibault !
    L’hébergement du jour se trouve en plein centre de Navarrete. Juste devant nos fenêtres, il y a  une terrasse de bar avec déjà un certain nombre de pèlerins se rafraîchissant après l’étape. Nous les rejoignons et pour nous ce sera un verre de Rioja blanc accompagné de quelques olives. Il y a là beaucoup de gens connus, dont  le couple de Canadiens rencontré à Pampelune qui prend également l’apéritif. Après la visite de l’église, nous gagnons le restaurant. Nous y retrouvons Jean-Patrick et Christelle avec qui nous faisons un peu plus connaissance et échangeons nos numéros de portables et nos adresses mail. À la table voisine s’installent deux jeunes filles qui pérégrinent ensemble. En engageant la conversation, nous apprenons qu’elles sont sœurs et originaires des îles Féroé. Je pense alors en moi-même  que cette rencontre a quelque chose d’incroyable : moins de 50.000 habitants dans ce pays lointain, et deux exemplaires sont parmi nous ce soir sur le Chemin ! Un pays, que jusque-là je ne savais même pas situer sur la mappemonde ; je n’avais entendu parler que de leur équipe de foot, la seule que la France était à coup sûr capable de battre. Je leur cite cette anecdote et cela les fait bien rire. Je pense que je ne suis pas le premier à les avoir taquinées sur ce sujet ! Nous avons passé ici, en leur compagnie, une des plus  belles soirées du Camino.
 

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