Jeudi 12 septembre 2013 : Navarrete – Najera : 16,5
km
Nous repartons
ensemble. Le chemin serpente à travers
les vignes, le temps, le paysage, tout est splendide, dommage qu’une fois de
plus l’autoroute passe si près de nous.
Je fais la montée de l’Alto de San Anton en
compagnie de Christelle et Jean-Patrick. C’est alors l’occasion de dévoiler un
peu plus de choses de nos vies privées. Jean-Patrick, tout jeune retraité,
travaillait dans le secteur de la chimie. Ses responsabilités l’ont amené à se
déplacer dans le monde entier pour visiter les différentes implantations de son
groupe : États-Unis, Angleterre, Espagne … et bien d’autres encore.
Il connaît particulièrement bien le site de Franche-Comté qui a été longtemps
le siège social de l’entreprise. Il parle parfaitement l’anglais, et ici, comme
ailleurs, c’est un atout indéniable.
Christelle me
raconte qu’elle appartient à une troupe de théâtre. Elle suit des cours de
comédie tout en donnant des représentations et vient de terminer une tournée
avec les « Femmes Savantes », une pièce dans laquelle elle tenait le
rôle de Philaminte. Elle a bénéficié d’une permission de longue durée pour lui
permettre de « faire le Chemin de Compostelle » et sait déjà
qu’à son retour, c’est le Cid qui l’attend, ou peut-être Rodrigue. Je l’imagine
bien dans le rôle de Chimène s’adressant
à Don Rodrigue.
Ah ! Rodrigue ! il
est vrai, quoique ton ennemie,
Je ne puis te blâmer d'avoir fui l'infamie ;
Et, de quelque façon qu'éclatent mes douleurs,
Je ne t'accuse point, je pleure mes malheurs.
Je sais ce que l'honneur, après un tel outrage,
Demandait à l'ardeur d'un généreux courage :
Tu n'as fait le devoir que d'un homme de bien ;
Mais aussi, le faisant, tu m'as appris le mien.
Je ne puis te blâmer d'avoir fui l'infamie ;
Et, de quelque façon qu'éclatent mes douleurs,
Je ne t'accuse point, je pleure mes malheurs.
Je sais ce que l'honneur, après un tel outrage,
Demandait à l'ardeur d'un généreux courage :
Tu n'as fait le devoir que d'un homme de bien ;
Mais aussi, le faisant, tu m'as appris le mien.
Et j’imagine aussi qu’elle ressentira une
émotion toute particulière, lorsque, dans quelques jours, elle découvrira les
tombeaux du Cid et de Chimène dans la nef de la cathédrale de Burgos.
À la fin du dîner,
un menu pèlerin à 10 euros, nous passons à proximité d’une place sur laquelle
des guitaristes donnent un concert. Il ne nous semble pas trop tard pour
prendre un dernier verre et profiter du
spectacle. Je commande trois verres de vin blanc (tres vasos de vino blanco avec les v prononcés en b), et le garçon
a-t-il mal compris la commande, nous sert trois pichets d’un quart de vin blanc
chacun. Il n’en faut pas plus pour irriter Gaby qui ne comprend pas pourquoi du
vin blanc à cette heure, il aurait préféré du tinto, et pourquoi des pichets.
Le blanc, je sais lui expliquer, car c’est moi qui l’ai commandé, mais les
pichets, c’est la faute du garçon. Là, je ne pense pas qu’il ait fait la différence.
Marie-Jeanne et moi devrons subir sa mauvaise humeur jusqu’à l’hôtel ; c’est
profil bas sur le retour. Cette situation me rappelle un proverbe que l’on cite
souvent en Bourgogne, lors des dégustations de vins, et qui en cette
circonstance donnerait un peu raison à Gaby. Il est le suivant : « blanc puis rouge, rien ne bouge, rouge puis
blanc, tout fout le camp ! ». Je me garde bien de le lui citer, car
même si j’ai une très grande estime pour Gaby, je n’irai pas jusqu’à lui donner des bâtons pour me battre !
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