Mardi 10 septembre 2013 : Los Arcos - Viana : 18,8 km
L’étape initiale,
telle que nous l’avions prévue, devait nous conduire à Logroño, distant de 28 kilomètres.
Par pitié pour le genou de Marie-Jeanne, nous l’avons raccourcie d’une dizaine
de kilomètres. Ce soir nous dormirons à Viana. Un parcours relativement tranquille,
qui nous fait passer de la Navarre à la Rioja. La première partie ressemble à
un décor de Terre Sainte dans lequel il ne manque que le Jourdain pour faire
encore plus vrai. Dommage que par endroits la route nationale joue un peu trop
à cache-cache avec le chemin !
Nous parvenons à
Sansol en milieu de matinée, et pour jouer avec les mots, j’ajouterais « sans
soleil », car depuis ce matin ce sont
les nuages qui sont les maîtres du ciel.
Néanmoins il ne pleut pas, ce que l’on apprécie bien. Nous gravissons le
chemin qui conduit à l’église, elle est fermée, mais le site, par sa situation,
nous permet de découvrir un superbe panorama sur les alentours. En bas, collé à
Sansol, apparaît Torres del Rio que nous rejoignons en traversant le petit
ruisseau qui sépare les deux villages. Torres tient sa renommée de l’église du
Saint Sépulcre, une construction que l’on doit aux templiers. Son originalité
vient de sa base octogonale et de sa coupole qui n’est pas sans rappeler la
cathédrale de Cordoue. Cette église est communément appelée « Lanterne des
morts », car d’après la tradition, une coutume consistait à allumer un feu
en haut de la lanterne lorsqu’un pèlerin périssait à proximité. C’est gai !
En terminant
l’étape à Viana, il est probable que nous perdions de vue beaucoup de pèlerins
qui pérégrinaient au même rythme que nous et qui ce soir dormiront à Logroño.
Tant pis dirons-nous, nous en retrouverons d’autres et peut-être que certains
ralentiront également leur marche à un moment ou à un autre. Car c’est aussi
cela le chemin, un jour on croit que tout va bien, pas de douleur, pas
d’ampoule et le lendemain c’est la « cata » et il faut faire une
pause.
Mais aujourd’hui tout
va bien pour nous et de plus la chance semble être de notre côté, car, alors
que nous déjeunions sur le bas-côté du Camino, nous allons rencontrer deux pèlerins
très sympathiques, une fille et un gars, qui nous tiendront compagnie jusqu’à
Léon et avec lesquels nous partagerons d’agréables moments. Elle, Christelle
vit dans la région parisienne. Elle est
partie seule de Poitiers, sa ville natale, pour rejoindre Santiago. Lui, Jean-Patrick,
est belge. Il est parti fin juin de chez lui et souhaite également aller au
terme de son pèlerinage. Il a emprunté le chemin de Vézelay puis le Camino
Frances en Espagne. Peu avant Périgueux, il a fait la connaissance de Christelle et ils
pérégrinent ensemble depuis leur
rencontre. Ils ont tous deux la
cinquantaine passée, paraissent avoir
les mêmes centres d’intérêt, et semblent
s’entendre à merveille. Ils poursuivent
leur chemin mais nous les rencontrerons à plusieurs reprises et de vrais liens
d’amitié se créeront entre nous au fil des étapes.
Après ce déjeuner
un peu frugal, quelques gâteaux du petit déjeuner et une banane, nous reprenons
notre marche vers Viana. Bien que nous allions pénétrer dans la Rioja, cette grande région viticole,
ce n’est pas encore les vignes que nous traversons mais des paysages de céréales
avec çà et là quelques vergers de jeunes oliviers. Une gariotte nous rappelle
les nombreuses et diverses, rencontrées l’année dernière en France sur le
Causse. Mais sans être chauvin, celles-ci ne sont pas à la hauteur et à voir comme elles sont bâties je ne pense pas
que ce sont les mêmes architectes qui ont construit ici les cathédrales et ces
petites maisons de berger !
Passage devant l’ermitage de la « Virgen del poyo » avant de découvrir la ville de Viana
qui se détache sur l’horizon. Elle revêt
la physionomie très caractéristique de beaucoup de petits bourgs
espagnols avec toutes les maisons qui semblent comme agglutinées autour d’une
église centrale, formant avec elle un
ensemble harmonieux. Très certainement que dans cette organisation de village,
il y avait également un souci de sécurité et de défense par rapport aux ennemis
qui furent nombreux à l’époque de leur construction.
Il n’est que 14 heures lorsque nous atteignons
le centre- ville. Devant une albergue, une hospitalière est occupée à soigner
les pieds d’un pèlerin. La cheville a doublé de grosseur et il semble beaucoup
souffrir lorsque la dame le masse pour faire pénétrer la pommade. Il s’agit très
certainement d’une entorse et je me dis que celui-là, il y a peu de chance que
nous le rencontrions demain sur notre route.
Avant de rejoindre
notre hébergement, nous nous arrêtons dans un restaurant pour déjeuner. Nous
prenons chacun une salade de pâtes, juste de quoi attendre le dîner sans
redouter les crampes d’estomac.
Le reste de l’après-midi est consacré à
l’installation au gîte, puis à la visite de l’église Santa Maria, une bâtisse
imposante aux allures de forteresse avec sur sa façade principale un portail
monumental en forme de niche, un des joyaux de la renaissance hispanique. Devant, sous une pierre de marbre blanc serti
de noir, la tombe de César Borgia, le très ambitieux fils du pape Alexandre VI
guerrier et homme politique tué en 1507
à proximité de la ville. À l’intérieur,
devant le retable de Saint Jacques, une
chorale répète les cantiques pour la messe de dimanche.
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