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dimanche 26 août 2018

Los Arcos - Viana





Mardi 10 septembre 2013 :   Los Arcos -  Viana :   18,8 km


      L’étape initiale, telle que nous l’avions prévue, devait nous conduire à Logroño, distant de 28 kilomètres. Par pitié pour le genou de Marie-Jeanne, nous l’avons raccourcie d’une dizaine de kilomètres. Ce soir nous dormirons à  Viana. Un parcours relativement tranquille, qui nous fait passer de la Navarre à la Rioja. La première partie ressemble à un décor de Terre Sainte dans lequel il ne manque que le Jourdain pour faire encore plus vrai. Dommage que par endroits la route nationale joue un peu trop à cache-cache avec le  chemin !
     Nous parvenons à Sansol en milieu de matinée, et pour jouer avec les mots, j’ajouterais « sans soleil », car depuis ce matin ce sont  les nuages qui sont les maîtres du ciel.  Néanmoins il ne pleut pas, ce que l’on apprécie bien. Nous gravissons le chemin qui conduit à l’église, elle est fermée, mais le site, par sa situation, nous permet de découvrir un superbe panorama sur les alentours. En bas, collé à Sansol, apparaît Torres del Rio que nous rejoignons en traversant le petit ruisseau qui sépare les deux villages. Torres tient sa renommée de l’église du Saint Sépulcre, une construction que l’on doit aux templiers. Son originalité vient de sa base octogonale et de sa coupole qui n’est pas sans rappeler la cathédrale de Cordoue. Cette église est communément appelée « Lanterne des morts », car d’après la tradition, une coutume consistait à allumer un feu en haut de la lanterne lorsqu’un pèlerin périssait à proximité.  C’est gai !
     En terminant l’étape à Viana, il est probable que nous perdions de vue beaucoup de pèlerins qui pérégrinaient au même rythme que nous et qui ce soir dormiront à Logroño. Tant pis dirons-nous, nous en retrouverons d’autres et peut-être que certains ralentiront également leur marche à un moment ou à un autre. Car c’est aussi cela le chemin, un jour on croit que tout va bien, pas de douleur, pas d’ampoule et le lendemain c’est la « cata » et il faut faire une pause.
     Mais aujourd’hui tout va bien pour nous et de plus la chance semble être de notre côté, car, alors que nous déjeunions sur le bas-côté du Camino, nous allons rencontrer deux pèlerins très sympathiques, une fille et un gars, qui nous tiendront compagnie jusqu’à Léon et avec lesquels nous partagerons d’agréables moments. Elle, Christelle vit  dans la région parisienne. Elle est partie seule de Poitiers, sa ville natale, pour rejoindre Santiago. Lui, Jean-Patrick, est belge. Il est parti fin juin de chez lui et souhaite également aller au terme de son pèlerinage. Il a emprunté le chemin de Vézelay puis le Camino Frances en Espagne. Peu avant Périgueux, il a fait  la connaissance de Christelle et ils pérégrinent  ensemble depuis leur rencontre.  Ils ont tous deux la cinquantaine  passée, paraissent avoir les mêmes centres d’intérêt,  et semblent s’entendre à merveille.  Ils poursuivent leur chemin mais nous les rencontrerons à plusieurs reprises et de vrais liens d’amitié se créeront entre nous au fil des étapes.
    Après ce déjeuner un peu frugal, quelques gâteaux du petit déjeuner et une banane, nous reprenons notre marche vers Viana. Bien que nous allions pénétrer  dans la Rioja, cette grande région viticole, ce n’est pas encore les vignes que nous traversons mais des paysages de céréales avec çà et là quelques vergers de jeunes oliviers. Une gariotte nous rappelle les nombreuses et diverses, rencontrées l’année dernière en France sur le Causse. Mais sans être chauvin, celles-ci ne sont pas à la hauteur et  à voir comme elles sont bâties je ne pense pas que ce sont les mêmes architectes qui ont construit ici les cathédrales et ces petites maisons de berger !
    Passage devant  l’ermitage de la « Virgen del poyo »  avant de découvrir la ville de Viana qui se détache sur l’horizon. Elle revêt  la physionomie très caractéristique de beaucoup de petits bourgs espagnols avec toutes les maisons qui semblent comme agglutinées autour d’une église centrale,  formant avec elle un ensemble harmonieux. Très certainement que dans cette organisation de village, il y avait également un souci de sécurité et de défense par rapport aux ennemis qui furent nombreux à l’époque de leur construction.
     Il n’est que 14 heures lorsque nous atteignons le centre- ville. Devant une albergue, une hospitalière est occupée à soigner les pieds d’un pèlerin. La cheville a doublé de grosseur et il semble beaucoup souffrir lorsque la dame le masse pour faire pénétrer la pommade. Il s’agit très certainement d’une entorse et je me dis que celui-là, il y a peu de chance que nous le rencontrions demain sur notre route.
   Avant de rejoindre notre hébergement, nous nous arrêtons dans un restaurant pour déjeuner. Nous prenons chacun une salade de pâtes, juste de quoi attendre le dîner sans redouter les crampes d’estomac.
       Le reste de l’après-midi est consacré à l’installation au gîte, puis à la visite de l’église Santa Maria, une bâtisse imposante aux allures de forteresse avec sur sa façade principale un portail monumental en forme de niche, un des joyaux de la renaissance hispanique.  Devant, sous une pierre de marbre blanc serti de noir, la tombe de César Borgia, le très ambitieux fils du pape Alexandre VI guerrier et homme politique  tué en 1507 à proximité de la ville.  À l’intérieur, devant le retable de Saint Jacques,  une chorale répète les cantiques pour la messe de dimanche.
    Nous concluons la journée par un nouveau menu de pèlerin avec ce soir, après la rituelle ensalada, des « chipirones » (petites sèches) à la plancha, un vrai régal.

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