Lundi
15 septembre 2014 : Vega de Valarce – O Cebreiro : 12
km
Petite
étape par la distance à parcourir, mais grande par le symbole qu’elle
représente. Le O Cebreiro est un peu au Camino Frances ce qu’est Roncevaux à la
partie française du chemin. Une étape mythique,
qui nous fait passer en quelques kilomètres de 600 mètres à 1400 mètres
d’altitude et qui en même temps nous conduit en Galice, la dernière région à
traverser avant Santiago.
Au départ, c’est encore la fraîcheur qui
domine. La brume provoquée par la pluie d’hier n’est pas encore totalement
levée. Au fur et à mesure que nous avançons, le ciel s’éclaircit et la température
devient plus douce. Les premiers kilomètres empruntent une route étroite,
bitumée, qui permet aux voitures d’atteindre le sommet. Beaucoup de taxis nous
dépassent, ils conduisent les bagages de ceux qui font porter leur sac, mais
transportent également quelques pèlerins qui ne se sentent probablement pas la capacité
physique de faire cette étape à la force des mollets. Saint-Jacques leur
pardonnera certainement. Nous traversons de petits villages : Ruitelan,
Las Herrerias, puis le chemin quitte le goudron pour s’enfoncer dans des forêts
de chênes. La pente s’est soudainement accentuée. Sur ce sol caillouteux et
irrégulier, le bourdon retrouve toute son utilité. Parvenus à La Faba, nous
quittons ce décor de sous-bois ; la cote ici affiche 915 mètres. Nous
faisons une halte, le temps de visiter l’église San André, une bâtisse du 18e
siècle dont la porte est ornée d’une coquille Saint-Jacques.
Désormais nous cheminons à découvert et ce
sera ainsi jusqu’au terme de l’étape. Le soleil a chassé bon nombre de nuages
et le paysage qui s’offre à nous se révèle être des plus somptueux : un
enchevêtrement de collines couvertes de forêts,
de prés, de pâturages, offrant aux yeux un joli dégradé de vert.
Il y a beaucoup de pèlerins aujourd’hui sur
le chemin et parmi eux un groupe de Canadiens facilement reconnaissables à leur
accent si caractéristique. Nous avions déjà fait un peu connaissance hier, car
ils étaient également hébergés à la pension Fernandez. Ils sont extrêmement
sympathiques et nous voyons vite qu’avec eux, la relation va dépasser l’échange
d’un simple « buen camino ». Ils nous disent être un groupe de quinze
personnes, la plupart retraités, et ils nous expliquent qu’ils ont « acheté
le pèlerinage » chez un tour
opérator de Montréal. Un animateur les accompagne, chacun est libre de son
rythme sur la journée, leur seule contrainte consiste à rejoindre le soir,
individuellement ou en groupe, le gîte qui a été préalablement retenu.
Nous poursuivons la conversation tout en
marchant et parvenons à la grande borne qui marque le passage en Galice. Il
s’agit d’une pierre dressée sur laquelle est gravé « Galicia », et où figurent les blasons de la province surmontés
de la couronne royale et séparés par une croix de Saint-Jacques. Un dernier
petit village à traverser : La Laguna à la cote de 1200 mètres et
nous parvenons enfin à O Cebreiro. Les petites rues pavées du village
grouillent de monde, c’est l’heure du déjeuner et chacun fait le tour des
restaurants pour dénicher la meilleure offre. Sur la place un bus vient de
déverser un groupe de touristes américains. Trois d’entre eux nous interpellent
pour être pris en photo avec nous. Surprenant ! Mais en y réfléchissant,
ce n’est pas trop différent de la photo que chacun veut faire en posant à côté
d’un lion ou de toute autre bête dans une réserve animalière. Des pèlerins, ils
savaient que ça existait, qu’ils se trouvaient sur un passage de ces bipèdes,
et là, ils en ont vus sortir du bois, ont pu les approcher et même se faire
photographier avec eux. Que de belles images à ramener au pays de l’oncle
Sam !
À nous maintenant de faire la tournée des
restaurants. Nous jetons notre dévolu sur une pulpéria, un établissement
spécialisé dans le poulpe. Il est servi dans des assiettes en bois, coupé en
tranches et assaisonné au paprika.
Marie-Jeanne tente l’expérience : copieux mais la saveur
attendue n’est pas vraiment là. Gaby et moi sommes restés sur des choses bien rodées : huevos con patatas fritas y lomo.
Après l’installation au gîte, nous
poursuivons la visite de ce petit village de montagne, découvrons ses maisons
au toit couvert de larges laves, ses « pallozas »
recouvertes de chaume, et enfin l’église Santa Maria la Real à laquelle est
associée une légende :
Vers
l’an 1300 un miracle s’est produit : Un paysan de
Barxamaior qui malgré une tempête de
neige était monté au village pour entendre la messe s’est entendu dire par le
moine qui officiait : « faut-il être fou pour risquer sa
vie pour un peu de pain et un peu de vin » c’est alors que le pain s’est
transformé en chair et le vin en sang ; le
calice et le plat du miracle sont toujours exposés ; de plus on dit
que ce jour l’Enfant Jésus de la statue mariale ouvrit les yeux. Le moine et le
paysan, protagonistes du miracle
reposent dans la chapelle du Saint Miracle à gauche du chœur.
Légende ou histoire ? Là encore, à chacun d’apprécier !
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