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dimanche 26 août 2018

O Cebreiro – Triacastela





Mardi 16 septembre 2014 :  O Cebreiro – Triacastela :      21 km


   Après une semaine de marche, nous nous sentons toujours en forme. Les difficultés du terrain n’ont pas trop éprouvé les corps. Confiant, j’ai même arrêté de me  pommader quotidiennement les pieds. Pourvu que cela continue et surtout que Marie-Jeanne ne retrouve pas les abominables douleurs qui lui traversaient les genoux !
    Depuis notre passage en Galice, des bornes nous indiquent tous les 500 mètres la distance restant à parcourir jusqu'à Santiago. Celle que nous dépassons maintenant affiche 149 kilomètres.  Si nous traduisons en journées de marche, cela veut dire qu’il nous reste grosso modo une semaine avant de pénétrer sur la place de l’Obradoiro. Nous n’avons jamais été si près ! À l’alto de San Roque une magnifique statue d’un pèlerin luttant contre le vent semble donner le sens de la marche.  Alors, maintenant, connaissant la distance et le cap, comment se tromper ?
    Nous retrouvons une partie du groupe des Canadiens rencontré hier, et, tout en marchant, nous poursuivons la discussion entamée en gravissant le O Cebreiro. Ce sont trois dames, elles sont parties de Burgos mais envisagent déjà pour l’année prochaine de reprendre le Camino à Saint-Jean-Pied-de-Port, tant elles sont enchantées par l’aventure qu’elles vivent.  Elles nous disent être Acadiennes davantage que Canadiennes, et habiter le  Nouveau-Brunswick à 5 kilomètres seulement des États-Unis. Brigitte, la plus prolixe du groupe, était enseignante en psychologie dans des classes d’enfants inadaptés. Elle n’est âgée que de 53 ans mais bénéficiant des lois sociales propres à l’Acadie, elle est déjà retraitée, et, comme tout enseignant retraité, dispensée de l’impôt sur le revenu : ça fait rêver ! Nous les quittons après quelques kilomètres d’échanges mais les retrouverons souvent sur notre parcours. Elles nous remercient d’avoir piqué cette petite jasette (expression canadienne), et pour sceller l’amitié qui vient de naître entre nous, tiennent à nous donner une très longue poignée de main. Buen Camino !
   Passé le col de l’alto del Poyo, point culminant de l’étape, nous entamons une longue descente vers Triacastela découvrant çà et là ce qui fait le quotidien des villageois.  Ici une vieille dame propose des crêpes aux pèlerins moyennant quelques euros, là un paysan consolide la clôture d’une pâture, plus loin, des ouvriers sont occupés à  restaurer un horréo, ces greniers à grains particuliers à la région. Nous en verrons beaucoup en Galice où chaque ferme en possède un pour mettre ses récoltes à l’abri des rongeurs et de l’humidité.

   En milieu d’après-midi, nous atteignons Triacastela. Une ville tout en longueur dans laquelle une tradition ancienne voulait que les pèlerins prennent une pierre à la carrière de la ville et la transportent jusqu’à Castaneda afin qu’elle y soit transformée en chaux, contribuant ainsi à  la construction de la cathédrale de St Jacques de Compostelle. Depuis plusieurs siècles la cathédrale est achevée et la tradition s’est perdue. Sans jeu de mots, nous avons eu chaud !
   À 19 heures nous assistons à la messe dans la petite église de la ville. Hormis les pèlerins il y a assez  peu de fidèles pour suivre l’office, une dizaine tout au plus. Le prêtre invite l’un d’entre nous à tenir le rôle du sacristain puis demande à des personnes de chaque nationalité de faire les lectures dans leur langue respective. Les Canadiens sont présents et c’est l’un d’eux qui  est désigné pour lire dans notre langue. Le prêtre s’exprime en espagnol  et ses paroles sont traduites en live par une jeune fille, certainement une étudiante. Il apparaît vite qu’il y a une grande complicité entre eux. Le discours semble bien rodé,  il est certainement servi à l’identique chaque soir aux nouveaux pèlerins.  Les propos sont empreints de beaucoup d’humour, ce qui contribue à détendre l’atmosphère et à enlever un peu de solennité à la cérémonie. Le prêtre délivre ses messages, phrase après phrase, laissant à l’interprète le temps de la traduction  et s’assurant après chacune des phrases qu’elle a produit sur l’assemblée les effets escomptés, et tout particulièrement des éclats de rire.

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