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samedi 25 août 2018

Uzan – Maslacq




Jeudi 20 septembre 2012 :  Uzan – Maslacq :   24 km


   Cette nuit, le gîte étant complet,  le propriétaire m’a hébergé dans la maison où il vit, située juste en face, de l’autre côté de la route. Au matin c’est là que  nous sommes tous réunis pour  prendre notre petit déjeuner. Le groupe est au complet, il y a là Gaby et Marie-Jeanne, Jean-Luc et Martine, Jean- Marie et Christine, Hervé et Patrick.
  Il fait très frais lorsque nous reprenons la route, mais le soleil qui s’élève déjà dans le ciel ne va pas tarder à faire grimper le mercure dans le thermomètre ; c’est encore une journée qui s’annonce sous les meilleurs auspices. Côté météo, nous avons vraiment été gâtés depuis notre départ de Figeac.
   À mesure des étapes, les Pyrénées nous apparaissent de plus en plus proches. Dans la chaîne qui se dessine de plus en plus nettement à l’horizon, nous cherchons déjà  à apercevoir entre quels pics se situe Roncevaux. Nous l’avons déjà dans la tête cette étape mythique, réputée  comme l’une des plus longues et des plus difficiles du parcours.  Pourvu que la météo reste de notre côté ! Car par rapport à cette étape nous avons tout entendu : des pèlerins qui ont galéré par le froid, sous la pluie,  d’autres qui ont dû faire face à un vent qui les clouait sur place, sans parler de ceux qui y ont rencontré la neige. Les plus chanceux, par contre, ont connu des conditions exceptionnelles et ont éprouvé beaucoup de plaisir. Espérons que les caprices de la météo nous rangeront  dans cette catégorie !
    Le Chemin nous fait découvrir un patrimoine architectural impressionnant.  Pas une seule étape sans passer à proximité d’un monument classé, une chapelle, une abbaye, un monastère, un ancien hôpital, une commanderie templière… Des édifices qui, pour la plupart, ont été bâtis au moyen âge pour accompagner et protéger les pèlerins sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle. Ce matin nous découvrons la  petite chapelle de Caubin qui constitue le dernier vestige d’une ancienne commanderie fondée en 1154, demain ce sera  l'abbaye de Sauvelade, un édifice du 11e siècle construit par les Bénédictins et  repris  par  les  Cisterciens  au 13e siècle.
   Peu après avoir traversé le Gave de Pau, nous parvenons à Maslacq, terme de l’étape du jour. Quatre autres pèlerins partagent le gîte avec nous, dont Pierre un professeur  d’université qui enseigne actuellement au Brésil et Claude un médecin de Nantes. Si parfois nous sommes conduits à évoquer nos professions, notre passé, c’est uniquement pour alimenter une conversation car sur le Chemin nous avons tous perdu notre statut social : le ministre côtoie l’ouvrier, le chef d’entreprise la femme de ménage. Ne comptons pas sur l’habit pour nous différencier car ici finis la cravate, le bleu de chauffe ou la blouse chère à la ménagère, la plupart d’entre nous, argentés ou non, sommes vêtus Quechua de la tête aux pieds. Si chacun a des motivations différentes d’être là, pour autant chacun doit galérer de la même manière pour terminer son étape, pour trouver un hébergement, pour laver ses vêtements, pour traiter l’ampoule qui le fait souffrir. En contrepartie chacun éprouve les mêmes joies et tout particulièrement celles que procurent les rencontres et la beauté des paysages et c’est bien cela qui nous rassemble.
   La table du dîner est décorée de façon très soignée : la nappe brodée du siècle dernier, les serviettes assorties présentées dans les verres à pied, les couverts en argent, les bouquets de fleurs devant chaque convive, les bougies allumées de part et d’autre de la table… rien ne manque. Une présentation qui correspondrait davantage à un repas de famille qu’à un dîner de pèlerins, mais nous n’allons pas nous en plaindre.  Le menu se révèle être à la hauteur du décor : potage de légumes, lasagnes et salade parsemée de fleurs de capucines, original !  Seule fausse note dans ce gîte, la présence d’innombrables chats mais surtout celle d’un vieux chien complètement incontinent  dont l’odeur est vraiment abominable.  Au coucher, nous veillons à bien fermer la porte de la chambre.


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