Jeudi
20 septembre 2012 : Maslacq – Navarrenx : 25
km
Je me réveille avec une forte migraine. Je ne sais pas si c’est le Bordeaux
qui accompagnait le dîner ou les odeurs du gaz de Lacq, dont le gisement se trouve à quelques kilomètres
seulement de Maslacq, qui en sont à l’origine.
Un petit Doliprane et dans quelques minutes, ce sera oublié.
Il a plu un peu cette nuit mais au lever du jour tout est rentré dans l’ordre. Les premiers rayons du soleil ont
progressivement chassé les nuages et c’est encore sous un ciel d’azur que nous
débutons cette étape. Quelques groupes d’hirondelles sur les fils électriques
nous font penser que, même si la température est encore estivale, l’automne est
en train de s’installer.
Midi approche et il nous faut
penser à chercher un coin ombragé pour déjeuner ; pas si simple, car il y
a très peu d’arbres dans le secteur. Un habitant nous conseille de poursuivre encore un peu,
nous expliquant que, plus loin, nous allons traverser un bois et qu’à la sortie nous trouverons une
petite clairière sympathique qui devrait nous apporter le calme et la fraicheur
que nous recherchons. Je ne sais pas si ce monsieur a renseigné d’autres
pèlerins, mais lorsque nous découvrons l’endroit, une bonne vingtaine de
personnes y sont déjà installées. Nous
connaissons la plupart d'entre eux pour les avoir rencontrés sur le chemin ou
dans un gîte. II y a là le groupe que nous avions connu à Uzan, un couple
d’Alsaciens, Bernard et Yolande, Marie-Françoise et encore d’autres. L’ambiance est détendue,
les hommes ont tombé le tee-shirt pour
le mettre à sécher, on plaisante, on chante encore Ultreïa.
Après ce déjeuner bien sympathique au cours
duquel nous avons échangé victuailles et boissons, nous reprenons notre route en direction de Navarrenx que
nous atteignons en milieu d’après-midi. Avec d’autres pèlerins, nous faisons
une pause à la Taverne Saint-Jacques, le temps de déguster une bière, avant de
gagner le camping où nous avons réservé un chalet. Bernard et Yolande, les
Alsaciens, ont fait de même et c’est en leur compagnie que nous rejoignons nos
hébergements. Après la douche, nous nous retrouvons à la piscine où nous
faisons davantage connaissance. Ils ont beaucoup d’humour et leur accent en
ajoute encore.
Pour le dîner, le patron du
camping nous a conseillé un petit
restaurant sympathique et pas commun dans lequel, pour 10 euros, on déguste 5
plats, café et vin compris. Incroyable ! Seule difficulté, il est éloigné
d’un kilomètre et lorsque nous nous mettons en route la pluie commence à tomber.
À mi-distance, alors que la pluie redouble d’intensité, nous apercevons
derrière une fenêtre la silhouette d’un homme courbé sur ce qui doit être son
évier et occupé à nettoyer la vaisselle du dîner. Bernard frappe à la vitre pour
attirer son attention. L’homme ouvre sa fenêtre, et l’effet de surprise passé,
comprenant qu’il a devant lui des pèlerins et non des bandits de grands chemins,
demande en quoi il peut nous être utile. Bernard lui explique alors que l’on va
jusqu’au petit restaurant bien connu des Navarrais et que compte tenu du temps
qu’il fait on aimerait lui emprunter un parapluie. Il lui prête le pépin sans
difficulté et, dans la discussion, lui confirme les recommandations que nous
avait faites le patron du camping quant à la qualité et l’originalité de la
table. Effectivement, lorsque nous y parvenons, nous découvrons un restaurant peu
ordinaire. Il est tenu par Bernadette, une dame vêtue à la manière des vamps et
à laquelle je serais bien incapable de donner un âge. Sans parler, sans rien
commander, elle nous apporte une
succession de plats : la soupe, les boulettes de viande, le rôti
de porc, les frites, le fromage, la glace, le café et bien sûr le vin à
volonté. Durant le repas nous poursuivons les échanges que nous avions eus à la
piscine, chacun relatant les anecdotes vécues sur les dernières journées. Bernard
nous raconte leur nuit dans leur dernier gîte, une roulotte. Il déclenche un fou
rire général lorsqu’il dit, avec son accent que l’on ne rencontre qu’au-delà de
la ligne bleue des Vosges, « imaginez-vous que j’ai dû me lever cette
nuit pour caler les roues de la roulotte
tellement elle tanguait » ! Le
pèlerin aurait-il joué au missionnaire ?
Retour
au chalet non sans oublier de rendre le parapluie au monsieur qui nous l’a si
gentiment prêté. Quand il demande à Bernard si le repas était correct,
ce dernier lui répond que c’était absolument parfait et qu’il ne manquait que
l’Armagnac. C’est une belle perche
tendue qui est vite saisie. Quelques
minutes plus tard nous voilà installés autour de la table de cuisine avec
devant nous toutes sortes de bouteilles d’alcool. Notre hôte s’appelle Jacques, est originaire d’Alsace ; son
épouse, Maïté, est native d’Autun. De bonnes coïncidences pour engager la
conversation et les éclats de rire reprennent lorsque Bernard raconte à nouveau l’anecdote
de la roulotte. Une soirée vraiment inoubliable.
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