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samedi 25 août 2018

Maslacq – Navarrenx







Jeudi 20 septembre 2012 :   Maslacq – Navarrenx :  25 km


   Je me réveille avec une forte migraine. Je ne sais pas si c’est le Bordeaux qui accompagnait le dîner ou les odeurs du gaz de Lacq,  dont le gisement se trouve à quelques kilomètres seulement de Maslacq, qui en sont à l’origine.  Un petit Doliprane et dans quelques minutes, ce sera oublié.
  Il a plu un peu cette nuit mais au lever du jour tout  est rentré dans l’ordre.  Les premiers rayons du soleil ont progressivement chassé les nuages et c’est encore sous un ciel d’azur que nous débutons cette étape. Quelques groupes d’hirondelles sur les fils électriques nous font penser que, même si la température est encore estivale, l’automne est en train de s’installer.
   Midi approche et il nous faut penser à chercher un coin ombragé pour déjeuner ; pas si simple, car il y a très peu d’arbres dans le secteur. Un habitant  nous conseille de poursuivre encore un peu, nous expliquant que, plus loin, nous allons traverser un  bois et qu’à la sortie nous trouverons une petite clairière sympathique qui devrait nous apporter le calme et la fraicheur que nous recherchons. Je ne sais pas si ce monsieur a renseigné d’autres pèlerins, mais lorsque nous découvrons l’endroit, une bonne vingtaine de personnes y sont déjà  installées. Nous connaissons la plupart d'entre eux pour les avoir rencontrés sur le chemin ou dans un gîte. II y a là le groupe que nous avions connu à Uzan, un couple d’Alsaciens, Bernard et Yolande, Marie-Françoise  et encore d’autres. L’ambiance est détendue, les hommes ont tombé le tee-shirt  pour le mettre à sécher, on plaisante, on chante encore  Ultreïa.
   Après ce déjeuner bien sympathique au cours duquel nous avons échangé victuailles et boissons, nous reprenons  notre route en direction de Navarrenx que nous atteignons en milieu d’après-midi. Avec d’autres pèlerins, nous faisons une pause à la Taverne Saint-Jacques, le temps de déguster une bière, avant de gagner le camping où nous avons réservé un chalet. Bernard et Yolande, les Alsaciens, ont fait de même et c’est en leur compagnie que nous rejoignons nos hébergements. Après la douche, nous nous retrouvons à la piscine où nous faisons davantage connaissance. Ils ont beaucoup d’humour et leur accent en ajoute encore.
   Pour le dîner, le patron du camping  nous a conseillé un petit restaurant sympathique et pas commun dans lequel, pour 10 euros, on déguste 5 plats, café et vin compris. Incroyable ! Seule difficulté, il est éloigné d’un kilomètre et lorsque nous nous mettons en route la pluie commence à tomber.
  À mi-distance, alors que la pluie redouble d’intensité, nous apercevons derrière une fenêtre la silhouette d’un homme courbé sur ce qui doit être son évier et occupé à nettoyer la vaisselle du dîner. Bernard frappe à la vitre pour attirer son attention. L’homme ouvre sa fenêtre, et l’effet de surprise passé, comprenant qu’il a devant lui des pèlerins et non des bandits de grands chemins, demande en quoi il peut nous être utile. Bernard lui explique alors que l’on va jusqu’au petit restaurant bien connu des Navarrais et que compte tenu du temps qu’il fait on aimerait lui emprunter un parapluie. Il lui prête le pépin sans difficulté et, dans la discussion, lui confirme les recommandations que nous avait faites le patron du camping quant à la qualité et l’originalité de la table. Effectivement, lorsque nous y parvenons, nous découvrons un restaurant peu ordinaire. Il est tenu par Bernadette, une dame vêtue à la manière des vamps et à laquelle je serais bien incapable de donner un âge. Sans parler, sans rien commander, elle nous  apporte une succession de plats : la soupe, les boulettes de viande, le  rôti  de porc, les frites, le fromage, la glace, le café et bien sûr le vin à volonté. Durant le repas nous poursuivons les échanges que nous avions eus à la piscine, chacun relatant les anecdotes vécues sur les dernières journées. Bernard nous raconte leur nuit dans leur dernier gîte, une roulotte. Il déclenche un fou rire général lorsqu’il dit, avec son accent que l’on ne rencontre qu’au-delà de la ligne bleue des Vosges,  « imaginez-vous que j’ai dû me lever cette nuit pour  caler les roues de la roulotte  tellement elle tanguait » ! Le pèlerin aurait-il joué au missionnaire ?
   Retour au chalet non sans oublier de rendre le parapluie au monsieur qui nous l’a si gentiment  prêté. Quand il  demande à Bernard si le repas était correct, ce dernier lui répond que c’était absolument parfait et qu’il ne manquait que l’Armagnac.  C’est une belle perche tendue qui est vite saisie.  Quelques minutes plus tard nous voilà installés autour de la table de cuisine avec devant nous toutes sortes de bouteilles d’alcool. Notre hôte  s’appelle Jacques, est originaire d’Alsace ; son épouse, Maïté, est native d’Autun. De bonnes coïncidences pour engager la conversation  et les éclats de rire reprennent  lorsque Bernard raconte à nouveau l’anecdote de la roulotte. Une soirée vraiment inoubliable.

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