Translate

dimanche 26 août 2018

Triacastela – Sarria





Mercredi 17 septembre 2014 :  Triacastela – Sarria :  18.5 km


   Deux itinéraires permettent de rallier Sarria au départ de Triacastela. L’un par le sud, plus long et avec beaucoup de bitume, agréable pour les cyclistes, mais un peu moins pour les piétons. Il présente un gros avantage dans ce sens qu’il traverse Samos ce qui permet d’y découvrir son monastère de réputation mondiale. Bâti au 6e siècle, il avait alors une fonction d’école pour les évêques. Pillé et endommagé lors de l’invasion arabe, il fut maintes fois restauré. Aujourd’hui il est devenu un centre de spiritualité. L’autre par le nord, plus agréable, car traversant les forêts et les champs. Préférant aujourd’hui les cultures à la Culture, c’est ce dernier que nous décidons de suivre.
   Il a un peu plu cette nuit et au lever du jour le soleil joue avec la pluie en déployant un magnifique arc-en-ciel au-dessus du chemin. C’est finalement une fois de plus le soleil qui s’impose et c’est encore une belle journée qui s’annonce pour nous. Une de plus !
    Nous traversons plusieurs petits villages, San Xil, Montan, puis Furela et encore quelques autres avant d’atteindre Sarria. Tous présentent le même aspect, beaucoup de demeures délabrées, très peu d’habitants à l’extérieur, une rue unique et étroite et des chiens qui nous regardent passer mais sans  manifester la moindre animosité à notre égard. Peut-être ont-ils remarqué que nos bourdons sont bien affûtés ! Il y a aussi quelques fermes qui ressemblent étrangement à celles que nous avons connues dans nos villages alors que nous étions enfants et que la mécanisation n’avait pas encore atteint nos campagnes. Le tas de fumier trône devant l’étable en bordure de route, un filet de purin s’en écoule et par endroits traverse la chaussée, des poules entourées de leur progéniture y picorent  pour trouver leur pitance et la fermière, avec son tablier à carreaux, conduit les quelques vaches à la pâture. Une image que j’avais gardée de mon enfance, que je croyais à jamais disparue et que je redécouvre ici, à l’identique, 50 ans plus tard. Aux maisons, toutes bâties de pierres, sont accolés des potagers de plus ou moins grande surface. Ils produisent l’essentiel des légumes qui sont consommés ici. Nous y apercevons les salades, les courges, les tomates, bien d’autres choses sans oublier les incontournables choux à soupe reconnaissables de loin à leur très grande taille.
    Nous atteignons Sarria en milieu d’après-midi : une jolie petite ville qui compte 15 000 habitants. De nombreux  pèlerins arpentent  la rue principale à la recherche d’une place dans une albergue. Nous en croisons un qui lui cherche également le meilleur prix, et ici, tout près de Santiago, ça devient difficile de satisfaire les deux besoins : à la fois la place et le prix. Il nous explique qu’il fait le chemin pour collecter des dons pour les enfants de Colombie, qu’il est très contraint dans son budget et qu’un euro d’économisé ici c’est un euro de plus pour les enfants. Nous l’écoutons avec la plus grande attention et saisissons très bien le sens de ses propos. Il nous indique  également qu’il dispose d’un site internet dont il nous donne les coordonnées, nous précisant toutefois que les dons ne seront plus possibles à partir de la fin de la semaine. Il ajoute qu’à son retour en France il partira par avion porter  lui-même les fonds en Colombie. Si jusque-là le discours était cohérent et pouvait même nous inciter à tirer sur le champ un billet du portefeuille, après cette dernière remarque je ne comprenais plus la démarche. Pourquoi, à l’ère où l’on peut faire un virement de banque à banque en temps réel, dépenser le prix d’un tel voyage pour porter les fruits de sa collecte aux enfants de Colombie, et sous quelle forme ? Trop de choses devenaient discordantes dans ses propos pour que nous n’ayons pas soudainement les plus grands doutes sur sa sincérité et l’honnêteté de sa démarche. Passe ton chemin ami !
   Après la visite de la ville, nous nous installons dans un restaurant pour dîner. Menu pérégrino classique avec trois plats et la bebida de vino tinto, le tout pour 10 euros. J’essaie une nouvelle fois le « lacon con grelos » accompagné des incontournables patatas fritas : correct, je dirais même «perfecto» !
   Ce soir nous partageons le gîte avec 3 autres pèlerins. Nous faisons leur connaissance en rentrant du dîner. Ils sont en train de discuter, assis autour de la table de la cuisine. Ils nous invitent à nous joindre à eux  et nous faisons les présentations d’usage. Ils sont tous trois Allemands : 2 filles de 25 ans environ et un gars, un peu plus âgé, certainement la quarantaine. L’une s’appelle Corina, travaille dans un cabinet d’architectes, l’autre Éva, débute une carrière de professeur d’économie. Le garçon qui se prénomme Dricks, est médecin en clinique. Nous conversons ensemble tout en dégustant du vino tinto que Dricks a acheté au bar d’en face. Nous parlons de nos expériences du chemin, de nos rencontres, d’anecdotes… Une fin de soirée bien agréable qui se termine par une série de photos que chacun emportera pour se souvenir de cette rencontre d’un soir.  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Nhésitez pas à me mettre un commentaire , une question ... je vous répondrai