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dimanche 26 août 2018

San Juan de Ortega – Burgos




Lundi 16 septembre 2013 :  San Juan de Ortega –  Burgos :   28,8 km

     Ce matin nous avons prévu de partir un peu plus tôt, car l’étape affiche près de 30 kilomètres. Lorsque nous quittons le gîte, le jour n’est pas levé et la température plutôt fraîche, certainement voisine de zéro degré. Il faut dire que nous sommes à 1000 mètres d’altitude. Les premiers rayons du soleil nous dévoilent un ciel d’azur, la journée devrait être agréable. Un groupe de jeunes Allemandes  nous suit. À entendre le bruit de leurs pas, nous comprenons qu’elles marchent plus vite que nous. Effectivement, elles vont rapidement nous rattraper, puis nous dépasser, et comme d’habitude, en guise de bonjour, c’est un échange de « buen Camino ». Combien de fois a-t-on pu prononcer cette expression sur le chemin ? Pas loin de mille certainement.
  Alors que nous sortons de la forêt d’Oca, et que nous nous dirigeons vers Ages, un pèlerin irlandais nous dépasse. Rien d’étonnant jusque-là, étant donné toutes les nationalités que nous rencontrons ici, par contre ce qu’il y a de surprenant chez celui-là, c’est sa tenue vestimentaire : costume 3 pièces, visiblement d’une autre époque, et un carton en bandoulière. Un accoutrement qui choquerait beaucoup moins à le croiser à l’entrée d’une gare ou sortant d’un grand magasin plutôt que sur le Camino.
     Pas de desayuno au départ, nous le prenons dans un bar à Ages, « l’Alquimista », qui se traduit dans notre langue par « l’alchimiste ». Une appellation qui convient parfaitement à l’endroit quand on découvre l’intérieur qui ressemble davantage à un laboratoire qu’à un bar. Ici chacun tient son rôle, le señor s’occupe de la cafetière, la señora fait chauffer les toasts et gère l’épicerie. Nous dénichons un coin de table pour déguster notre petit-déjeuner et prenons le temps d’admirer tout ce décor un peu hétéroclite, mais dont l’ensemble est agréable à l’œil. Dans l’escalier qui conduit à l’étage, les pans de mur sont tapissés de cartes de remerciements envoyées de Santiago par des pèlerins qui ont fait halte ici. Nous faisons l’impasse sur le ravitaillement, pensant qu’avec un petit déjeuner aussi tardif nous tiendrons bien jusqu’à Burgos.
     Peu après Ages nous franchissons le pont construit par San Juan qui a voulu et agit pour que toute cette zone  marécageuse et abandonnée aux orties, (Ortega dans la langue de Cervantes), ne soit pas un frein à l’essor qu’était en train de prendre le pèlerinage  au 12e siècle. Passage aux abords du site archéologique d’Atapuerca où des fouilles, relativement récentes, ont permis d’exhumer des ossements humains et des objets en pierre taillée datant d’un million d’années. Bien évidemment, le site est inscrit au patrimoine mondial de l’humanité. À la sortie du village débute la côte conduisant au mont  Matagrande qui culmine à 1078 mètres. Le paysage est relativement désertique, la roche affleure le sol, et là où il subsiste un peu de terre, le terrain est recouvert de magnifiques tapis de colchiques.
    Au sommet se dresse une grande croix sur un cairn. Nous y grimpons chacun à notre tour pour faire la photo. Plus loin, nous découvrons un labyrinthe de prière construit à l’aide de pierres et comprenant une bonne dizaine de cercles en spirale, avec à son centre un autre cairn surmonté d’une croix. C’est à cet endroit, paraît-il, que les énergies issues de la prière sont les plus intenses.





    Le sommet atteint, c’est maintenant la descente vers Vilalval. Nous sommes encore à une quinzaine de kilomètres de Burgos mais le temps très clair nous permet déjà d’apercevoir la ville et de deviner les flèches de la cathédrale. Tout près de nous, un groupe de chevreuils traverse les champs et s’enfuit à notre vue, nous laissant tout juste le temps de faire  la photo.
      Hier soir à l’Auberge de San Juan, un Espagnol avait expliqué à Christelle et Jean-Patrick comment rentrer dans la ville sans traverser la grande zone industrielle telle que le Miam Miam Dodo  l’indique. Il leur a recommandé de contourner Burgos par le sud et d’arriver au centre par un sentier qui longe le Rio Arlanzon, expliquant que cette voie permet de gagner en distance mais surtout de nous mettre à l’écart  des grandes avenues, polluées par la circulation et le bruit.
    Nous suivons donc ses conseils. Au départ, ce chemin passe en bordure de l’aéroport mais le bruit des avions ne nous dérangera pas beaucoup, pour la simple et bonne raison qu’il n’y a pas d’avion. C’est tout simplement incroyable, mais tout comme ce village de golf sans habitant que nous avons traversé dans l’étape de San Domingo, cet aéroport fait également partie des victimes de la crise et il y en a bien d’autres en Espagne. Quel gâchis ! Que d’argent public gaspillé ! Nous  atteignons Burgos vers 15 heures, notre hôtel est situé à deux pas, aux abords de la cathédrale et du centre historique. Nous avons de la chance, car lorsque l’on réserve, on n’a pas forcément des données très précises sur la localisation, mais pour le coup c’est plutôt pas mal joué. Nous nous y installons et déjeunons dans un restaurant à proximité. Heureusement que nous sommes en Espagne, car déjeuner à une heure si tardive  n’est pas dans les coutumes de tous les pays.
    Nous profitons de la fin de soirée pour visiter la cathédrale. Auparavant, nous y faisons tamponner notre crédencial. Un timbre avec l’effigie d’une cathédrale  fait tout de même plus sérieux qu’un tampon avec une publicité d’hôtel ! Voilà, le passeport est à jour, maintenant nous pouvons commencer la visite. La Cathédrale gothique Santa Maria est réputée être l’une des plus belles d’Europe. Déjà de l’extérieur, par ses dimensions, la finesse des sculptures,  elle impressionne le visiteur. Nous passons près de deux heures pour la découvrir, à minima je dirais, tant elle renferme de richesses architecturales. Son portail du Sarmental finement décoré avec une scène centrale représentant le Christ entouré des apôtres et des évangélistes, le retable du maître-autel, les chapelles qui sont chacune de véritables musées, les peintures, les stalles avec des sculptures de personnages, l’escalier de la Coronéria dit « escalier doré », tout simplement magnifique,  le cloître avec ses chapelles et ses sculptures, le tombeau du Cid et de Chimène, sans oublier l’horloge  papamoscas.
   Nous dînons le soir dans un petit restaurant du quartier : au menu boudin noir et agneau frit. Marie-Jeanne laisse son assiette intacte, elle nous dit être embarrassée. La serveuse s’étonne de la situation ; pour plaisanter je lui explique alors que « la señora esta  embarazada », elle rit, puis éclate de rire lorsque je lui indique du doigt le coupable en désignant Gaby. Embarazada est effectivement un faux ami, bien connu de ceux qui fréquentent un peu l’Espagne, qui signifie, non pas être embarrassée, mais être enceinte. La différence est de taille ! Avec cette petite explication,  on comprend mieux la réaction de la serveuse.
      Le lendemain matin nous visitons le monastère cistercien de las Huelgas, édifié en 1187 par le roi Alphonse VIII pour servir de Panthéon aux rois et de lieu de retraite spirituelle pour les dames de la haute société. Pour l’après-midi, nous avons prévu la visite du musée de l’évolution de l’homme mais malheureusement il est fermé ce jour-là. Le monastère de Miraflores qui mérite également le détour est un peu loin pour des marcheurs qui ont décidé qu’aujourd’hui on reposait les jambes. Ce n’est pas de chance ! Reste le Castillo d’où on peut profiter d’un magnifique panorama sur la ville. Nous interrogeons des gamins pour qu’ils nous indiquent comment s’y rendre, finalement ils nous y conduisent et à la table d’orientation, nous commentent ce que l’on a devant les yeux : vraiment des chicos et chicas exceptionnels.

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