Dimanche 15 septembre 2013 : Belorado - San Juan de Ortega : 24,4 km
Aujourd’hui c’est
une étape de montagne qui nous attend. Nous devons franchir le col Alto de Valbuena dans la Montes de Oca, à 1170
mètres d’altitude. Un sommet presque aussi haut que Roncevaux, mais qui n’en
fait par pour autant une étape particulièrement difficile. Pour comprendre, il
faut expliquer que nous partons de 770 mètres, ce qui signifie que nous n’avons
que 400 mètres de dénivelé. Aguerris que
nous sommes, ce n’est pas la mer à boire ! Nous prenons le désayuno au gîte
avant de nous mettre en route. À une table derrière moi, deux Anglais de Gibraltar
font de même. Nous échangeons quelques mots.
Le premier village
que nous rencontrons est Tosentos, connu pour le sanctuaire de la Virgen de la
Pena, creusé à même la montagne, à la façon des maisons troglodytes. Avec Gaby nous faisons un petit
détour pour prendre la photo de plus près, tandis que Marie-Jeanne poursuit son
chemin. Ce qui paraît, a priori, une
bonne stratégie pour économiser un petit peu son genou se révèle être un bien
mauvais choix, car elle se trompe de route et doit marcher un kilomètre
supplémentaire pour nous rejoindre. Il y a vraiment des jours sans !
Des textes anciens
évoquent un miracle qui se serait produit dans les monts d’Oca en 1108.
Un Français s'était marié dans
l'espoir d'avoir des enfants. Comme il vivait dans le péché, ses espoirs
s'avérèrent vains, aussi prit-il le chemin de Compostelle pour s'attirer les
faveurs de l'apôtre.
Devant son tombeau, il
l'implora, le supplia et finit par obtenir ce pour quoi il avait fait le
pèlerinage. De retour en France, il retrouva son épouse et, après un délai
d'attente, celle-ci mit au monde un fils auquel ils donnèrent le nom de
l'apôtre, Jacques.
Lorsque l'enfant eut quinze ans,
la famille partit pour Saint-Jacques. Mais arrivé dans les monts d’Oca,
l'adolescent tomba malade et mourut. Folle de douleur, la mère s'adressa à
saint Jacques : « Toi qui m'as donné cet enfant, rends-le-moi ! ».
Et alors qu'on se préparait à lui donner une sépulture, le jeune homme se leva
comme s'il sortait d’un long sommeil. Il raconta que l'apôtre, après avoir
rendu son âme à son corps, lui avait demandé de repartir immédiatement pour
Compostelle.
Il est midi lorsqu’enfin
nous atteignons le sommet du col de Pedraja. Une stèle commémorative de la
guerre civile espagnole rappelle aux pèlerins qu’ici, furent fusillées quelque
trois cents personnes par ceux qui ont soutenu le coup d’État du maréchal
Franco. Très longtemps le gouvernement a mis un couvercle sur ces atrocités,
mais depuis quelques années des fouilles ont été autorisées et ont permis de
mettre au jour des fosses communes où avaient été jetées ces malheureuses
victimes du fascisme. Tout près, un
jardin du souvenir permet aux familles
de se recueillir. Nous déjeunons à proximité, puis reprenons notre marche vers
San Juan de Ortéga qui n’est distant que de cinq kilomètres. Nous y parvenons
peu après 15 heures. C’est une minuscule localité avec de rares maisons et une
auberge, construites autour d’un ensemble d’édifices religieux, œuvre de San
Juan au 12e siècle. Le soir
nous assistons à la messe qui s’achève par la traditionnelle bénédiction des pèlerins.
Le dîner nous est servi au gîte sous forme d’un plateau-repas relativement
copieux. C’est là que nous découvrons pour la première fois le boudin noir
façon Castille. Celui-là était excellent, les suivants le seront moins.
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