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dimanche 26 août 2018

San Domingo de la Calzada – Belorado




Samedi 14 septembre 2013 :  San Domingo de la Calzada – Belorado :   25 km


    Départ matinal pour une étape assez longue, mais donnée comme facile. Le ciel sans nuage laisse augurer une belle journée d’automne. Une fausse note toutefois, nous longerons la nationale N120 sur la majeure partie du parcours. C’est vraiment dommage, dans des paysages aussi grandioses, de devoir supporter la vue d’une route et  le bruit de la circulation.
    Nous retrouvons Christelle et Jean-Patrick qui ont passé une très mauvaise nuit, la faute aux ronfleurs : ce soir ils mettront les boules Quies. Un peu plus loin, un avion de tourisme s’amuse à faire des loopings au-dessus du chemin, disparaît puis revient sur nous en rase-mottes. Impressionnant !  L’ayant observé dans ses évolutions, je m’attendais à une manœuvre de ce genre et j’avais armé l’appareil photo pour ne rien rater de la scène. Je pense que c’était sa manière à lui de faire un clin d’œil aux pèlerins. Une photo originale, qui trouvera  sa place dans mon album à côté des nombreuses autres photos insolites.
    Le Camino n’a pas pu éviter la déferlante technologique, c’est dire ! Après les smartphones de plus en plus sophistiqués, dont les fonctions n’ont plus de limites, et qui nous écartent certainement un peu de l’esprit du chemin, nous voyons aujourd’hui des pèlerins avec une caméra frontale pour filmer leurs aventures,  d’autres qui portent de drôles de plaques collées sur leurs vêtements. Nous comprendrons plus tard qu’il s’agit en fait de capteurs solaires pour recharger tous ces  gadgets. Je me rappelle alors la réflexion du  restaurateur de Saint-Côme-d’Olt, qui nous disait que le chemin était devenu un défilé de Quechua, je pense qu’il peut maintenant  ajouter : « mais également de Samsung et d’Apple ». Prudence toutefois, car nous avons trop souvent une fâcheuse tendance à généraliser les choses à partir de quelques observations et à ne retenir que celles-là. Il y a encore de vrais pèlerins, et c’est heureusement la majorité, qui partent  avec un petit budget, un équipement minimum, et qui vivent leur chemin de manière authentique.    
     Plus loin, sur un caniveau, nous pouvons lire une inscription avec des lettres géantes : « WHY ARE YOU WALKING ? ». Une interrogation qui a tout son sens et à laquelle j’aurais tendance à répondre « that is the question »,  car avons-nous tous une réponse très précise à cette interrogation ? Je n’en suis pas vraiment certain, mais ce qui est sûr, c’est qu’à un moment ou à un autre de notre vie, chacun de nous, sous réserve qu’il en ait le temps, peut ressentir le besoin de réfléchir, réfléchir sur son passé, son avenir, ses projets, sa famille, ce que nous sommes, ce que nous voulons être, pour nous, pour nos proches… et que dans cette démarche, le chemin nous y aide en nous procurant tous  les moyens de la réflexion :  la durée, le calme, le cadre, l’espace, les échanges, le dépaysement et bien d’autres choses encore.
    Beaucoup de pèlerins sur le chemin ce matin, chacun marchant à sa vitesse, certains seuls, d’autres par  petits groupes. C’est toujours assez surprenant, et là encore je n’ai pas une vraie explication à ce constat : pourquoi sur certaines étapes rencontrons-nous deux ou trois fois plus de marcheurs que sur d’autres ? Une réponse pourrait être le temps, ou plutôt le mauvais temps, qui  en dissuaderait quelques-uns de prendre le chemin, mais le ciel est on ne peut plus bleu depuis notre départ,  les bobos peut-être, mais là encore, il y a ceux qui s’arrêtent pour se soigner et ceux qui repartent guéris, le flux des uns compensant le flux des autres, la  jonction avec un autre chemin qui alimenterait le nôtre, ça pourrait expliquer une fréquentation en augmentation mais pas une fréquentation en dents de scie comme on le constate ….. Je décide de laisser la réflexion à ce niveau d’analyse, car finalement, la réponse à cette question ne me paraît pas être de la plus haute importance.
    Nous parvenons à Granon,  village qui marque la fin de la Rioja et l’entrée dans la Castille. Nous y faisons halte le temps de la visite de l’Eglise Saint-Jean-Baptiste dont le retable est d’une grande richesse ornementale. Quelques kilomètres plus loin, nous entrons dans Redecilla del Camino. Sur le portail de l’église, une statue de la vierge semblant regarder passer les pèlerins, à l’intérieur, les fonts  baptismaux avec un bénitier roman du 12e siècle sur lequel apparaît, sculptée, une représentation de la Jérusalem céleste.
    Notre gîte de ce soir est situé quelques centaines de mètres en amont de Belorado, nous y parvenons peu après 15 heures. Cela nous laisse beaucoup de temps libre avant le dîner, surtout qu’à cet endroit, en pleine nature, il n’y a rien à visiter. Comme tous les deux ou trois jours, nous décidons avec  Marie-Jeanne de faire une lessive. En général c’est elle qui donne le signal, décrétant que ce soir nous ferons petite lessive ou grande lessive. Ici, ça sera d’autant plus facile à laver l’ensemble de nos vêtements qu’il y a une grande buanderie, bien équipée, avec plusieurs machines à laver. Elles fonctionnent comme des distributeurs de boissons : il suffit de mettre une pièce de 2 euros dans le monnayeur et le hublot s’ouvre. Malheureusement beaucoup sont actuellement en cours de cycle, il va falloir patienter. Finalement nous en trouvons une qui est au repos, nous y introduisons rapidement notre pièce, puis notre linge, sur lequel nous jetons le contenu d’un verre de poudre de lavage puis nous mettons en marche. Aucun effet, le tambour ne daigne pas tourner. Nous essayons, réessayons, sans davantage de résultat. Nous appelons le responsable des lieux,  un « chico » pas particulièrement aimable, peut-être l’avons-nous dérangé dans sa sieste, qui finalement trouve l’explication à nos soucis. Nous avons tout simplement mis notre linge, non pas dans une machine à laver, mais dans un sèche-linge.  Super ! Nous récupérons le linge, mais pas la poudre, et nous attendons qu’une machine se libère.
     Christelle et Jean-Patrick  partagent le dîner avec nous. Pour moi après une ensalada, ce sera un  lomo accompagné de frites. Le vin qui nous est servi dans le menu ne nous laisse aucun doute, nous sommes bel et bien sortis de la Rioja !






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