Mardi 24 septembre 2013 : Sahagûn - El Burgo
Ranero : 18,5 km
L’étape
d’aujourd’hui, telle qu’elle est décrite dans la plupart des guides, conduit le
pèlerin jusqu’à Mansilla de las Mulas, ce qui représente la bagatelle de 37 kilomètres.
Des distances comme celles-là, nous n’avons jamais fait, et ce n’est pas
aujourd’hui que nous commencerons, même si le genou de Marie-Jeanne va beaucoup
mieux depuis quelques jours. Nous décidons de scinder l’étape en deux, en
prévoyant de faire halte à El Burgo
Ranero à 18 kilomètres d’ici.
C’est toujours le
grand beau temps lorsque nous prenons le chemin, mais il faudrait plutôt parler
de la route, étant donné qu’aujourd’hui nous allons la suivre sur toute la
longueur de l’étape.
Nous sortons de
Sahagun en passant vers l’Arc San Beneto, dernier vestige d’un ancien monastère,
puis nous franchissons le pont de pierre sur le Rio Cea. Nous croisons un
premier pèlerin qui rentre de Santiago avec son chien en tirant une petite
charrette. Il a l’air bourru et n’invite pas à la discussion. Plus loin, c’est
un deuxième Jacquet qui est sur le chemin du retour. De loin il ressemble à s’y
méprendre à Bernard, un pèlerin que nous avons connu sur le parcours français.
Alors qu’il se rapproche de nous, je me dis que ce n’est peut-être pas correct
de l’interpeller, car si chacun le fait, le clin d’œil que l’on veut faire
passer risque de se traduire en agacement. Nous en avions rencontré un peu après Estella, et je m’étais étonné
qu’il cherche plus à fuir qu’à lier conversation. A posteriori et après
réflexion, j’étais parvenu à cette conclusion que, pour celui qui revient, ce
n’est pas du tout le même contexte, il lui est matériellement impossible de
répondre à tous les pèlerins qui l’interrogeraient. Je m’abstiens donc
d’engager la conversation avec lui, je ne peux même pas lui dire « buen Camino » ça serait tout au
plus « buen volver » (bon
retour). Beaucoup plus simplement nous échangeons un regard, par le mien
j’essaie de traduire le respect, l’admiration, à travers le sien et le sourire qui l’accompagne, je comprends qu’il a bien décodé mon message : reçu
cinq sur cinq ! C’est incroyable ce que l’on peut faire passer à travers
un simple échange de regards ! Quand il s’agit d’émotions, certainement
autant que par les mots, et là, la frontière de la langue n’existe pas.
Le chemin est
ennuyeux, il est bordé de jeunes platanes qui un jour feront certainement le bonheur des marcheurs en les faisant
profiter de leur ombrage : à droite une route réservée aux
vététistes, plus loin l’autoroute qui conduit à Léon et tout autour, la plaine,
sans horizon, sans couleur si ce n’est celle de la terre et de l’herbe sèche.
L’Ermitage de la « Virgen de Pirales » apparaît comme
planté au milieu de ce désert. Nous en faisons la visite et poursuivons vers El
Burgo Ranero.
Je reçois un mail
de Jean-Luc Martin, un pèlerin de Laon que nous avions connu l’année passée à
Uzan. Il était avec un groupe d’amis et nous avions pérégriné ensemble jusqu’à
Saint-Jean-Pied-de-Port. De son message je comprends qu’il doit être quatre
étapes devant nous ; Hervé, souffrant, ne les a pas accompagnés, pas
davantage que Christine, retenue par ses occupations professionnelles.
Nous parvenons
enfin à El Burgo, un petit bourg planté dans l’immensité du paysage. Il n’y a
pas de place centrale, le seul coin animé, c’est l’hostal où nous logeons et sa
terrasse en bordure de rue. L’accueil est formidable, nous n’en dirons pas
autant demain. Nous prenons un premier menu de pèlerin et nous en reprendrons
un au dîner après avoir fait un petit tour pour découvrir le village.
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