Translate

dimanche 26 août 2018

El Burgo de Ranero - Mansilla de las Mulas





Mercredi 25 septembre 2013 :   El Burgo de Ranero -  Mansilla de las Mulas :  18.7 km


    L’étape du jour est du même acabit que la précédente : même plaine, même sentier pour les marcheurs, même route à droite pour les cyclistes. Rien à regarder, rien à admirer, alors je réfléchis, je réfléchis au chemin, essaie de trouver des phrases qui le caractérisent, trouve  même des rimes qui sonnent bien et  voilà comment, portable en main, je commence à rédiger un petit poème sur le Camino. Je ne suis pas expert dans cet art, loin s’en faut, mais pourtant les vers arrivent naturellement, les rimes me semblent aisées à trouver. Est-ce l’effet Saint-Jacques ? Au fur et à mesure de l’avancement, je fais partager le résultat à Gaby et Marie-Jeanne. Je peaufinerai mon travail sur l’étape de demain et le soir au dîner, non sans  une certaine fierté, je livre  ce poème à mes amis :


                          El  CAMINO

Toi que dans ton pays on nomme Camino,
Toi qui guide le jacquet  jusqu'à  Santiago,
Du haut de la Navarre pour finir en Corogne 
Bien loin de ma terre qui s'appelle Bourgogne,
Tu as vu dans l'histoire, peu après le Messie,
Se battre des  hommes au péril  de leur vie.

Ils chassèrent  de ton sol ces odieux conquérants
Qui  partis  de Córdoba  ont au fil des ans
Envahi  ta contrée  et même plus  encore,
Asservi  le peuple, et fait tant et tant de morts.

Le bon roi Charlemagne et son neveu Roland,
Ont sacrifié  les vies de leurs preux combattants.
Par la reconquista, les valeureux chrétiens
Ont fini de chasser Maures et sarrasins.

Templiers, hospitaliers, chevaliers de Malte,
Très  nombreux ils  furent à y avoir  fait halte
Pour qu'enfin ce chemin redevienne  le nôtre
 Et nous ouvre la route qui conduit à l'apôtre.

      L’écriture d’un poème ne m’extrait pas totalement de la réalité du chemin. Dans un message, Christelle avait recommandé à Marie-Jeanne de ne pas manquer le bar de Religios qui est remarquable par son originalité.  Nous suivons ses conseils et faisons le petit détour pour le découvrir. C’est une maison dont les murs extérieurs sont entièrement couverts de tags, et y pénétrant, nous remarquons que c’est la même chose sur les murs intérieurs. Ce bar, avec son petit  air de Bagdad café, a une histoire, dans ce sens qu’il apparaît, assez furtivement certes, dans le film « the Way ». Quelques clients consomment dont un couple d’Australiens avec lesquels nous échangeons quelques mots. Le patron se tient derrière le zinc et attend que nous lui passions notre commande. C’est Marie-Jeanne qui le fait, ce sera trois verres de vino blanco. Le patron, qui paraît alors assez étonné, nous confie que le matin il a plutôt l’habitude de servir des petits noirs que des petits blancs. Qu’à cela ne tienne ! Tout en dégustant mon verre de blanc,  j’essaie de déchiffrer et traduire  les tags du mur : toutes les langues sont représentées, le pilier, lui, semble réservé aux pèlerins chinois. Des commentaires banals, mais d’autres, plus profonds. Je lis ici l’extrait d’une  citation de Saint-Exupéry : « l’essentiel est invisible pour les yeux », plus loin « il suffit de regarder au-delà de l’horizon du chemin » ou encore « si vous ne pouvez pas être avec la personne que vous aimez, aimez la personne qui est avec vous ». Je prends quelques photos de tous ces graffitis, me disant qu’à mon retour j’aurai le temps d’analyser tout cela et que j’y trouverai certainement quelques réflexions philosophiques intéressantes.
    Nous parvenons à Mansilla en tout début d’après-midi. L’hôtel est très correct mais l’accueil est on ne peut plus détestable. Ce soir, c’est décidé, nous ne dînerons pas là, nous chercherons un autre restaurant.  Mansilla est une ville forte  dont une grande partie des fortifications est encore visible. À l’intérieur du bourg une multitude de petites places, entourées d’arcades de bois, témoignent de son passé et en font son originalité.
     Nous prenons le dîner dans un petit restaurant tenu par un Anglais et  sympathisons avec les clients de la table voisine,  deux  couples de  Belges pleins d’humour. Ils font le Chemin à raison d’une semaine par an : c’est ainsi qu’ils ont réalisé le parcours français en six ans. Durant ces années, ils en ont profité pour apprendre l’espagnol et aujourd’hui ils le parlent couramment. Je les admire, apprendre et pratiquer six ans après, je ne suis pas certain que j’aurais eu la patience. Bravo les gars !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Nhésitez pas à me mettre un commentaire , une question ... je vous répondrai