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samedi 25 août 2018

Puente la Reina-Estella





Dimanche 8 septembre 2013: Puente la Reina-Estella :    23  km


      Même si le coucher a été un peu tardif, la nuit nous a permis d’éliminer toute notre fatigue, ce qui était d’autant plus appréciable que la nuit précédente, dans les capsules, le sommeil avait été quelque peu perturbé. Départ vers 8 heures pour une étape qui ne présente pas de difficulté particulière. Nous quittons la ville en traversant de nouveau le pont  aux 6 arcs. Ce n’est pas le grand beau temps, le ciel est encore chargé des restes de l’orage d’hier, mais pour la journée et les suivantes, la météo se dit relativement optimiste.
     Sur une grande partie du parcours, le chemin suit l’autoroute et n’en est jamais très éloigné. Ce n’est pas très agréable à la vue, bien évidemment, mais surtout par le bruit permanent du trafic et l’odeur abominable des gaz d’échappement qu’il génère. Sur le grillage, interdisant l’accès aux voies de circulation, nous remarquons  beaucoup de petites croix faites de bâtonnets croisés, certaines portant des initiales, d’autres totalement anonymes. À vrai dire, je ne sais pas quelle signification il faut  donner à cette coutume ; certainement pour ceux qui ont placé ces croix  ici, le besoin de laisser dans le paysage un témoignage durable de leur passage, tout comme d’autres choisiront de déposer un caillou sur un cairn à la croisée de routes.
     Après deux heures de marche, nous atteignons le village médiéval de Cirauqui. Il y a beaucoup de pèlerins dans les ruelles, pour certains, dont nous faisons partie, c’est l’heure du ravitaillement, pour d’autres, peut-être ceux qui se lèvent à 5 heures du matin, c’est déjà l’heure du casse-croûte. Nous visitons ce petit bourg et notamment l’Église Saint Roman avec son magnifique portail polylobé, et y faisons  tamponner notre crédential.
   Nous poursuivons en direction d’Estella et en chemin retrouvons quelques pèlerins connus :  deux Anglaises que j’avais sollicitées la veille pour nous prendre en photo sur le pont de Puente la Reina, un couple Canadien rencontré dans le gîte aux capsules de Pampelune et  avec lequel nous avions sympathisé,  d’autres également, mais très peu de Français, ce qui est étonnant quand on se rappelle le nombre de nos compatriotes qui pérégrinaient en amont de Roncevaux. Certains ont dû abandonner, d’autres ont peut-être préféré le Camino Norté, ce chemin qui serpente en bordure de l’océan, et ceux qui sont restés sur cet itinéraire se trouvent dilués dans la masse de toutes les autres nationalités. Nous profitons d’une table libre vers l’église de Lorca pour y prendre notre déjeuner : pain, salami, jambon sous vide, la ration de survie, rien de plus. J’espère que ce soir le menu du pérégrino nous fera oublier tout cela !
   Dans les champs, beaucoup d’oliviers, pas de vieux arbres aux troncs noueux comme nous les rencontrons souvent dans les régions arides du sud, mais des plants bien vigoureux, de deux à cinq ans, qui sont tout juste en train de produire leurs premiers fruits. J’imagine alors que certaines cultures ont été complètement abandonnées, car non rentables, et que les agriculteurs ont dû se reconvertir récemment dans ce type de production, mieux adaptée à la région et à son climat. Encore une de ces réflexions que l’on peut se faire tout en marchant pour tenter de comprendre les choses, d’en expliquer les raisons. Le Chemin nous offre cette faculté : en nous sortant du quotidien et de sa routine, en nous libérant complètement l’esprit, il nous permet de réfléchir sur maints et maints sujets  et de nous  interroger sur certains constats en tentant de trouver des explications : pourquoi ceci  ? Comment expliquer cela ?
   Nous parvenons à Estella  en milieu d’après-midi. D’après une légende, Estella, surnommée « la Tolède du nord », et qui en espagnol signifie l’étoile, tient son nom à un miracle observé en 1085 qui aurait fait découvrir à des  bergers, à travers une pluie d’étoiles, la statue de Notre-Dame du Puy. Les légendes du Camino sont innombrables, rares sont les villes qui n’ont pas la leur.
     Nous pénétrons dans la cité par la rue principale, la calle Mayor, passons devant le palais des gouverneurs pour atteindre l’église San Pedro de Rua, qui, comme beaucoup d’autres est malheureusement fermée. Nous ne pourrons pas admirer  son cloître  et les 4 colonnes torses sur lesquelles repose l’arcade centrale. C’est bien dommage !
     Nous rejoignons notre hébergement à l’auberge de jeunesse, située à la sortie de la ville, ce qui demain facilitera d’autant le départ. Au dîner, pris en commun dans la salle du réfectoire, nous faisons la connaissance d’un couple d’Australiens, Michel et Lisa. Ils affichent une cinquantaine d’années et sont encore en activité. Lui est professeur d’université en mathématiques, informatique et recherche opérationnelle (ça me rappelle quelque chose), elle, exerce la profession de microbiologiste et conduit, en parallèle de son activité, des actions pour l’église catholique entre le Nigéria et l’Inde. Une discussion très intéressante et pleine d’humour. Une belle soirée du Camino.

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