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samedi 25 août 2018

Estella - Los Arcos




        Lundi 9 septembre 2013 :  Estella - Los Arcos :   20,6 km


    Une étape d’une vingtaine de kilomètres, donnée comme facile, qui nous conduira à Los Arcos. Au départ, comme tous les pèlerins, nous faisons le petit crochet de deux kilomètres pour passer devant le monastère d’Irache, mais disons-le honnêtement, surtout pour passer devant la fontaine à vin. Irache (prononcé Iratche), représente  une appellation de vin d’Espagne, au même titre que la Navarre ou la Rioja. Une coopérative viticole met à disposition des pèlerins une fontaine, à laquelle ils peuvent bien évidemment remplir leur gourde d’eau fraîche, mais également, à un autre robinet, déguster gratuitement le vin d’Irache. C’est une originalité du chemin et qui est bien connue des pérégrinos. Au-dessus de la fontaine, une mention précise :  « Peregrino, si quieres llegar a Santiago Con fuerza y vatalidad De este gran vino echa un trago Y  binda por la felicidad ». Ce qui se traduit par « Pèlerin, si tu veux arriver à Santiago, avec force et vitalité, de ce grand vin avale un coup et trinque à la félicité ». Mais aujourd’hui ce n’est pas notre jour de chance, le robinet, bien que grand ouvert, laisse n’échapper aucune goutte du précieux nectar. Nous apprendrons, un peu plus tard, que la fontaine n’ouvre qu’à partir de 9 heures. Voilà, ça nous apprendra à être trop matinaux !
    Un peu plus haut se trouve le monastère. Il fut édifié au 11e siècle, hospice de pèlerins, puis hôpital militaire et collège religieux, l’édifice deviendra prochainement un Parador. Drôle de destiné,  mais pas exceptionnelle, car ces hôtels de grand luxe s’implantent souvent dans des demeures de caractère comme des châteaux, des couvents, des monastères ou d’autres lieux historiques. Malheureusement, tout comme à la fontaine du vino d’Irache, nous faisons chou blanc, nous ne sommes pas dans les horaires d’ouverture.
    Nous reprenons le chemin, certes un peu déçu de ces deux échecs. Au loin nous apparaît, planté sur une butte, le château de Villamayor de Monjardin qui domine la ville et qui par le passé a assuré la protection de ses habitants. L’histoire veut que Charlemagne y ait engagé une bataille contre les troupes navarraises.
     Le beau temps s’est imposé, le ciel est d’un bleu d’azur, et les paysages grandioses. Au nord apparaissent les falaises des monts Cantabriques, à nos pieds, des terres agricoles sur lesquelles il ne subsiste que les chaumes. Et  que tout ça est beau ! Et qu’il fait bon pérégriner ici ! Marie-Jeanne est toujours inquiète pour son genou mais pour l’instant ça tient. Merci Saint-Jacques !
    À l’entrée de la ville, nous découvrons la « fuente de los moros », (la fontaine des Maures), une fontaine construite au moyen âge pour permettre aux pèlerins de l’époque de se rafraîchir et de s’y laver. Une pèlerine normande échange quelques mots avec nous, nous la retrouverons un peu plus loin, installée à déjeuner en bordure du chemin. Nous traversons la ville, non sans visiter son église romane du 12e  siècle et faire le ravitaillement, puis poursuivons vers Los Arcos. Le paysage s’est soudainement  transformé et à mesure que l’on progresse,  nous fait davantage penser à un désert qu’à des terres cultivées. La ville est déjà bien loin derrière nous, aucune  habitation, aucune vie humaine hormis les pèlerins, un horizon qui semble fuir devant nous, un chemin qui serpente entre des collines et qui paraît interminable. Chaque sommet que l’on franchit, que l’on avait espéré  être le dernier, qu’il allait enfin nous faire découvrir la ville, délivre en fait à nos yeux ce même paysage, repoussant à chaque fois la ligne d’horizon de plusieurs kilomètres. Enfin, après plusieurs heures à parcourir ce décor quelque peu irréel, telle une oasis dans le désert, Los Arcos nous apparaît. J’avoue que c’est un vrai soulagement, car je commençais à douter qu’il puisse y avoir de la vie entre ces  collines.  
 
    Nous avons réservé à l’hôtel Monaco. Après la douche vient le moment de la bière. Je commande « una  jarra » pour chacun (en Espagne c’est 50 cl dans un verre en forme de jarre). Comme c’est ma fête, la note est pour moi, tous les ans c’est la même chose à la même époque et les amis ne me ratent jamais.  L’endroit est sympathique, une grande terrasse ensoleillée où nous retrouvons quelques connaissances, dont les jeunes Coréens connus à Zubiri qui dégustent une paella : à 17 heures ça fait un peu drôle, mais chaque pays a ses habitudes. Nous profitons du temps qu’il nous reste avant le dîner pour visiter l’église Santa Maria. De style roman, elle a subi maintes évolutions au cours des siècles. Tout y est grandiose, son retable baroque et richement décoré, son portail plateresque,  ses orgues parmi les plus imposantes de Navarre, sans oublier son cloître finement décoré. Nous sortons un peu abasourdis devant tant de merveilles et nous interrogeons sur l’origine de ces richesses. Comment un village de 1300 âmes peut posséder un patrimoine architectural de cette qualité ? Il faudrait certainement  fouiller profondément dans l’histoire de cette contrée pour apporter une réponse à cette question.
    L’heure du dîner est venue, nous le prendrons au restaurant de notre gîte. Ce sera encore un menu pèlerin, mais arrosé pour la première fois d’un vin de la Rioja, un vin au bouquet si particulier, propre au terroir et aux cépages de la région que sont le tempranillo et le grenache.

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