Lundi 9 septembre 2013 : Estella - Los Arcos :
20,6 km
Une étape d’une
vingtaine de kilomètres, donnée comme facile, qui nous conduira à Los Arcos. Au
départ, comme tous les pèlerins, nous faisons le petit crochet de deux
kilomètres pour passer devant le monastère d’Irache, mais disons-le
honnêtement, surtout pour passer devant la fontaine à vin. Irache (prononcé
Iratche), représente une appellation de
vin d’Espagne, au même titre que la Navarre ou la Rioja. Une coopérative
viticole met à disposition des pèlerins une fontaine, à laquelle ils peuvent
bien évidemment remplir leur gourde d’eau fraîche, mais également, à un autre
robinet, déguster gratuitement le vin d’Irache. C’est une originalité du chemin
et qui est bien connue des pérégrinos. Au-dessus de la fontaine, une mention
précise : « Peregrino,
si quieres llegar a Santiago Con fuerza y vatalidad De este gran vino echa un
trago Y binda por la felicidad ».
Ce qui se traduit par « Pèlerin, si
tu veux arriver à Santiago, avec force et vitalité, de ce grand vin avale un
coup et trinque à la félicité ». Mais aujourd’hui ce n’est pas notre
jour de chance, le robinet, bien que grand ouvert, laisse n’échapper aucune
goutte du précieux nectar. Nous apprendrons, un peu plus tard, que la fontaine
n’ouvre qu’à partir de 9 heures. Voilà, ça nous apprendra à être trop
matinaux !
Un peu plus haut se
trouve le monastère. Il fut édifié au 11e
siècle, hospice de pèlerins, puis hôpital militaire et collège
religieux, l’édifice deviendra prochainement un Parador. Drôle de destiné, mais pas exceptionnelle, car ces hôtels de
grand luxe s’implantent souvent dans des demeures de caractère comme des
châteaux, des couvents, des monastères ou d’autres lieux historiques. Malheureusement,
tout comme à la fontaine du vino d’Irache, nous faisons chou blanc, nous ne
sommes pas dans les horaires d’ouverture.
Nous reprenons le
chemin, certes un peu déçu de ces deux échecs. Au loin nous apparaît, planté
sur une butte, le château de Villamayor de Monjardin qui domine la ville et qui
par le passé a assuré la protection de ses habitants. L’histoire veut que
Charlemagne y ait engagé une bataille contre les troupes navarraises.
Le beau temps s’est
imposé, le ciel est d’un bleu d’azur, et les paysages grandioses. Au nord
apparaissent les falaises des monts Cantabriques, à nos pieds, des terres
agricoles sur lesquelles il ne subsiste que les chaumes. Et que tout ça est beau ! Et qu’il
fait bon pérégriner ici ! Marie-Jeanne est toujours inquiète pour son
genou mais pour l’instant ça tient. Merci Saint-Jacques !
À l’entrée de la
ville, nous découvrons la « fuente
de los moros », (la fontaine des Maures), une fontaine construite au
moyen âge pour permettre aux pèlerins de l’époque de se rafraîchir et de s’y
laver. Une pèlerine normande échange quelques mots avec nous, nous la
retrouverons un peu plus loin, installée à déjeuner en bordure du chemin. Nous
traversons la ville, non sans visiter son église romane du 12e siècle et faire le ravitaillement, puis
poursuivons vers Los Arcos. Le paysage s’est soudainement transformé et à mesure que l’on progresse, nous fait davantage penser à un désert qu’à
des terres cultivées. La ville est déjà bien loin derrière nous, aucune habitation, aucune vie humaine hormis les pèlerins,
un horizon qui semble fuir devant nous, un chemin qui serpente entre des
collines et qui paraît interminable. Chaque sommet que l’on franchit, que l’on avait
espéré être le dernier, qu’il allait
enfin nous faire découvrir la ville, délivre en fait à nos yeux ce même paysage,
repoussant à chaque fois la ligne d’horizon de plusieurs kilomètres. Enfin,
après plusieurs heures à parcourir ce décor quelque peu irréel, telle une oasis
dans le désert, Los Arcos nous apparaît. J’avoue que c’est un vrai soulagement,
car je commençais à douter qu’il puisse y avoir de la vie entre ces collines.
Nous avons réservé
à l’hôtel Monaco. Après la douche vient le moment de la bière. Je commande « una jarra » pour chacun (en Espagne c’est
50 cl dans un verre en forme de jarre). Comme c’est ma fête, la note est pour
moi, tous les ans c’est la même chose à la même époque et les amis ne me
ratent jamais. L’endroit est
sympathique, une grande terrasse ensoleillée où nous retrouvons quelques
connaissances, dont les jeunes Coréens connus à Zubiri qui dégustent une paella : à
17 heures ça fait un peu drôle, mais chaque pays a ses habitudes. Nous
profitons du temps qu’il nous reste avant le dîner pour visiter l’église Santa
Maria. De style roman, elle a subi maintes évolutions au cours des siècles.
Tout y est grandiose, son retable baroque et richement décoré, son portail
plateresque, ses orgues parmi les plus
imposantes de Navarre, sans oublier son cloître finement décoré. Nous sortons
un peu abasourdis devant tant de merveilles et nous interrogeons sur l’origine
de ces richesses. Comment un village de 1300 âmes peut posséder un patrimoine
architectural de cette qualité ? Il faudrait certainement fouiller profondément dans l’histoire de
cette contrée pour apporter une réponse à cette question.
L’heure du dîner
est venue, nous le prendrons au restaurant de notre gîte. Ce sera encore un
menu pèlerin, mais arrosé pour la première fois d’un vin de la Rioja, un vin au
bouquet si particulier, propre au terroir et aux cépages de la région que sont
le tempranillo et le grenache.
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