Mercredi
7 septembre 2011 : Nasbinals – Saint-Chély-d’Aubrac : 17 km
Ce matin, au moment de se mettre en route,
la météo n’est pas très favorable : le temps est maussade, l’air est
frais, et sur ce plateau, à 1200 mètres d’altitude, le vent qui commence à se
lever n’arrange rien. Pour se donner un peu de courage, on se dit que c’est un
moindre mal, car la pluie était annoncée dès l’aube ; en fait nous ne
la rencontrerons qu’en milieu d’après-midi.
L’étape n’est pas très longue mais pas pour autant reposante, car elle
nous fait franchir un point haut à 1400 mètres d’altitude, le sommet le plus
élevé avant Roncevaux.
Le balisage, irréprochable jusque-là, fait
défaut à un carrefour et nous laisse
commettre notre toute première erreur d’orientation. Nous réalisons notre faute
quelques centaines de mètres plus loin mais trop tard pour retourner. Nous
choisissons de couper à travers les pâtures pour rejoindre le GR65. Nous nous
rendons compte très vite que ce n’était pas le choix le plus judicieux, car nous nous retrouvons
face à un taureau de belle taille. La bête a dû reconnaître en nous de pauvres
pèlerins égarés et heureusement ne manifeste aucune agressivité à notre égard.
Ouf, c’est passé ! C’est juré, nous
ne recommencerons plus jamais cela !
Il est environ midi lorsque, nous découvrons le
petit village d’Aubrac. À l’entrée, sur une stèle, gravée dans la pierre, une
pensée qu’aucun pèlerin, je pense, ne contestera : « Dans le silence et la solitude on n’entend
plus que l’essentiel ». C’est d’autant plus vrai qu’ici, en plein
brouillard, le marcheur ne risque pas d’être distrait par le paysage.
Le
village présente la physionomie de tous ceux que nous avons traversés sur le
plateau : des maisons de granit gris avec des toits de lauzes dans la
même teinte, sans aucune autre couleur pour égayer le décor. Nous visitons
l’église Notre Dame des Pauvres, un édifice du 12e siècle dont le clocher abrite la « cloche des perdus », ainsi nommée car elle
venait en aide aux pèlerins pour retrouver leur chemin vers Aubrac lors des
tourmentes et autres intempéries. Nous y rencontrons une jeune fille suisse,
Chloé, qui venait de chanter a cappella au chœur de l’église. L’acoustique
particulière du lieu faisait résonner et vibrer sa voix dans tout l’édifice. Un
grand plaisir et beaucoup d’émotion à l’écouter.
Lorsque
nous quittons le village, la pluie se met à tomber, transformant le chemin
en un véritable champ de boue ; elle
ne cessera pas jusqu’à notre arrivée au gîte. Nous descendons maintenant sur
Saint-Chély-d’Aubrac en empruntant un goulet étroit au sol recouvert de pierres
plates que l’eau a rendues extrêmement glissantes et dangereuses. À certains
endroits, là où les eaux de ruissellement
traversent la chaussée, nous devons jouer les funambules sur les pierres
qui restent apparentes pour franchir l’obstacle. À d’autres ce sont des portes
de pâture que nous devons ouvrir et fermer pour poursuivre notre descente.
En
milieu d’après-midi nous parvenons à notre hébergement, le gîte Saint-André,
une belle demeure de particulier bâtie à l’entrée de la ville, à flanc de coteau.
Beaucoup de pèlerins nous ont devancés et se réchauffent autour d’un grand feu
de cheminée.
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