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dimanche 26 août 2018

Mansilla de las Mulas - León





Jeudi 26 septembre 2013 :  Mansilla de las Mulas  - León :     18,7 km


   Il ne nous reste plus que 18 kilomètres pour rejoindre Léon, une petite étape donc, mais tout aussi ennuyeuse que les deux précédentes. D’un bout à l’autre le chemin ne décolle pas de la route nationale, c’est horrible, le bruit, les gaz d’échappement. Je ne pense pas que Monseigneur Godescalc, l’évêque du Puy-en-Velay, ait fait le pèlerinage dans ces conditions-là ! Toutefois, ne l’envions pas car il a dû rencontrer bien d’autres difficultés.
    Seul point d’intérêt sur ce parcours, le pont à 20 arches qui franchit le Rio Porma à l’entrée de Villarente. L’ouvrage est imposant par sa longueur mais à cette saison, nous sommes en période d’étiage,  la rivière ne dépasse pas les deux premières arches.
   Une passerelle métallique permet le franchissement de l’autoroute et offre une magnifique vue sur Léon.
    Après plusieurs kilomètres de trottoirs, beaucoup plus éprouvants pour les jambes que les sentiers de terre, nous atteignons l’entrée de la ville. Un groupe de bénévoles attend les pèlerins pour leur expliquer, plan en main, comment se rendre à leur hébergement. Une initiative particulièrement utile, que d’autres villes, comme Burgos, devraient bien leur copier !
    Nous parvenons à l’hôtel vers 13 heures. Après un déjeuner sur une terrasse voisine, nous nous lançons à la découverte de Léon. Comme prévu, nous retrouvons Jean-Patrick et Christelle qui terminent la visite de l’église San Isodoro, un véritable Panthéon qui abrite 23 tombes royales. C’est dans ce lieu que Chimène épousa Le Cid en l’année 1072.
    Pour le dîner, nous dénichons un petit restaurant dans la vieille ville. Nous nous installons en terrasse, la température des soirées est encore bien agréable à cette époque de l’année. Nous nous racontons nos dernières étapes que nous n’avons malheureusement pas pu parcourir ensemble, la rencontre avec Henry et Jeannine. Jean-Patrick nous parle de ses lunettes qu’il a fait réparer chez un opticien de Léon et encore bien d’autres choses. À la fin du repas, Christelle et Jean-Patrick tirent du dessous de la table un sac qu’ils nous offrent. Nous l’ouvrons et y découvrons une bouteille de Patcharan, cette liqueur à base de prunelles sauvages, élaborée en Navarre. Séquence émotion ! Marie-Jeanne, Gaby et moi-même, nous nous  regardons sans dire un mot, comprenant qu’à travers ce geste ils ont voulu traduire une amitié qui dépasse largement celle d’une simple rencontre entre pèlerins. J’éprouve bien évidemment une grande joie par cette marque d’affection, mais en même temps un peu de gêne de ne pas avoir eu la même démarche à leur égard. Nous les remercions, les assurant que nous penserons bien à eux, lorsque tous les trois, nous dégusterons le patcharan.
     Nous sommes descendus dans le même hôtel, Los Orejas (les oreilles). Nous le rejoignons ensemble et c’est là que nous nous dirons au revoir, pas adieu, car nous inventons déjà mille occasions pour nous retrouver : Marie-Jeanne propose le festival du film asiatique à Vesoul et pourquoi pas le Camino Norte ? Même si dans ces moments-là on échafaude des projets, le temps et la distance faisant, nous ne pouvons jamais être certains qu’ils se réaliseront. On sait qu’à notre retour on s’échangera des photos, qu’au début de l’année prochaine on échangera des vœux, mais après ? Combien d’amitiés n’ont pas survécu au-delà de ces quelques échanges ? Mais ce soir nous n’avons pas envie de penser à cela, on se dit que pour nous ce n’est pas possible, que nos liens sont trop forts pour que ça finisse ainsi, pour que notre amitié prenne fin là, ce soir, dans cette chambre d’hôtel. On s’embrasse, nos yeux laissent apparaître beaucoup d’émotion, les larmes ne sont pas loin. Hasta luego amigos !
    Le lendemain, pour la première fois depuis notre départ, ce n’est pas le soleil que nous trouvons en ouvrant les volets, mais la pluie, et la fraîcheur. J’aperçois de l’autre côté de la rue un thermomètre lumineux dans l’enseigne d’une pharmacie : il indique 11° ; ça fait drôle quand on pense qu’il y a seulement quelques jours, dans la Meseta, le mercure affichait souvent les 40° !
   Nous avons réservé cette journée supplémentaire pour faire la visite de la ville. Nous débuterons par la cathédrale Santa Maria, une pure merveille de l’art gothique et fortement inspirée de celle de Reims. Malheureusement, le temps maussade de ce matin ne nous permet pas de profiter pleinement de la lumière apportée par les 1800 m2 de vitraux.
    À midi, alors que la pluie n’a toujours pas cessé, nous pensons à nos amis qui ce matin ont dû revêtir la cape pour poursuivre leur chemin. Pour nous, pas question de déjeuner en terrasse par ce temps ; après avoir arpenté la plupart des ruelles du centre historique, nous trouvons enfin un restaurant, pas mirobolant, je tente une paella au riz noir, pas mirobolante non plus. Il y a vraiment des jours sans !
    C’est ici que s’achève notre 3ème périple ; demain nous repartirons pour Saint-Jean-Pied-de-Port, pour regagner ensuite la Haute-Saône, des souvenirs plein la tête et avec une envie : repartir l’année prochaine pour achever le pèlerinage.
 

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