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jeudi 23 août 2018

Livinhac-le-haut - Figeac




Mardi 13 septembre 2011 :  Livinhac-le-haut  - Figeac :  25 km

 
Ce soir en arrivant à Figeac nous aurons atteint notre premier objectif et au moment de m’engager sur cette dernière étape, dans mon esprit les sentiments se contrarient un peu : je ressens d’un côté une grande satisfaction d’avoir réussi ce défi, moi qui ignorait tout de l’univers de la randonnée, allant jusqu’à douter de ma condition physique, et en même temps j’éprouve une certaine tristesse à l’idée de  quitter ce soir, brutalement, sans transition, ce Chemin qui m’a procuré tant de joie et de surcroit devoir patienter une année avant de le retrouver.
Ces instants d’émotion dissipés, nous nous engageons sur cette ultime étape. Un parcours de  25 kilomètres qui nous fait traverser Montredon puis nous conduit à Saint-Félix. Nous y visitons l’église romane dédiée à Sainte Radegonde et dont le tympan représente Adam et Ève devant l’arbre et le serpent.
 À Figeac nous logeons chez « Célia », une demeure ancienne, en plein centre-ville, dont le propriétaire a engagé de lourds travaux de réfection. Le rez-de-chaussée  et le premier niveau ont été complètement restaurés et aménagés avec goût. Le 2e étage, où notre hôte nous a installés, est encore en cours d’aménagement et les équipements paraissent encore bien rudimentaires. Lorsque je lui demande la clé de la chambre, il me tend un bout de carton plié en quatre, m’expliquant que la serrure a été forcée dernièrement, et que ça fera très bien l’affaire pour tenir la porte fermée. J’en ris, sans m’en offusquer, lui répliquant que les pauvres pèlerins que nous sommes n’ont pas grand butin à voler.
 Nous sommes à deux pas de la place Champollion, une place comme je les aime, avec des bistrots, des restaurants, des terrasses  animées  et ce soir une luminosité toute particulière créée par les derniers rayons de soleil qui éclairent les façades des maisons. Nous nous installons à une table car c’est l’heure de la Leff, un des moments de la journée que l’on apprécie le plus car pour nous il est synonyme de repos et de convivialité. Comme chaque fois on fait le débriefing  de l’étape, nous remémorant les difficultés, les rencontres, les visites, les anecdotes, on consulte le topoguide, le Miam-miam dodo, pour voir ce que nous réserve la marche du lendemain en terme de distance et de dénivelé.  C’est là que souvent nous rencontrons des connaissances avec lesquelles nous partageons ces instants de tranquillité. Ce soir nous retrouvons Claude et Patrick ; après Conques, ils ont emprunté une variante du Chemin qui passe par Decazeville. Patrick nous raconte sa nuit agitée dans le gîte précèdent où il s’est fait dévorer par des punaises de lit. Il nous montre tout cela, un cordon de piqûres rouges s’étend sur tous ses membres, c’est impressionnant ! À voir les dégâts on comprend mieux pourquoi certains hébergeurs prennent tant de précautions vis-à-vis de ces bestioles ! Nous rencontrons également une Suissesse, dont j’ai oublié le prénom, qui a débuté au Puy en même temps que nous et que nous avons vue ensuite à plusieurs reprises sur le Chemin. Ce soir, en visitant la ville, contemplant certainement davantage les toits et les façades des vieilles demeures que le sol, elle a raté une marche d’escalier et s’est fait ce qui ressemble fortement à une entorse. C’est incroyable, après avoir parcouru des centaines de kilomètres sur des sentiers caillouteux, où il ne faut surtout pas quitter ses pieds des yeux sous peine de  risquer la chute, c’est ici qu’elle se blesse, en pleine ville, dans un lieu où  pourtant tout est fait pour sécuriser les piétons. C’est vraiment pas de chance ! Une journée d’éclopés !
Le départ vers Le Puy est prévu pour demain après-midi. Nous disposerons donc de la matinée pour approfondir notre visite de Figeac, l’église Saint-Sauveur, sans oublier la Place des Écritures où est reproduite au sol, la célèbre Pierre de Rosette qui a permis  à Jean-François Champollion (enfant du pays) d’élucider le mystère des hiéroglyphes  Égyptiens.
La pierre de Rosette
C’est  ici que s’achève notre parcours 2011 ; 250 kilomètres qui nous ont conduits du Puy-en-Velay à Figeac. Un parcours initiatique qui m’a fait découvrir « le Chemin » dans toutes ses dimensions : l’effort physique,  les rapports avec les autres, l’abandon du superflu au profit de l’essentiel,  une leçon de vie, des moments inoubliables. Au départ du Puy, je n’avais qu’une vague idée de ce que représentait ce périple, elle n’était que  le fruit de mon imagination et laissait sans réponse nombre de questions : serait-ce à ma portée ? ce quotidien répétitif ne sera-t-il pas trop ennuyeux ? La dose de religiosité à laquelle je vais être soumis sera-t-elle supportable ? Toutes des interrogations qui ne peuvent trouver une réponse qu’à l’épreuve du terrain. Et ici, après cette quinzaine d’étapes, je suis pleinement rassuré : le doute et  l’appréhension  ont laissé la place à l’envie de poursuivre, d’aller au bout. 
                              Ultreïa



















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