Lundi
12 septembre 2011 : Conques – Livinhac –le-haut : 24 km
Lorsqu’au petit matin nous quittons la
ville, je ressens une impression de gâchis, de quelque chose d’inachevé. Nous
avons passé trop peu de temps dans un lieu où il y a tant de merveilles à découvrir ;
des merveilles que malheureusement nous n’avons
fait que survoler. Conques mérite que l’on s’y attarde pour explorer toutes
ses richesses : l’abbatiale du 9e siècle avec son portail orné d’un tympan très
finement décoré représentant le jugement dernier, la Chapelle Sainte-Foy, le
cloître qui abrite la salle du trésor, les ruelles bordées de maisons à
colombages et encorbellements et bien d’autres joyaux. Une journée supplémentaire eut été nécessaire
pour approfondir la visite de cette cité qui mérite bien son classement parmi
les plus beaux villages de France et son inscription au patrimoine mondial de
l’Unesco. Je reviendrai, c’est promis !
Mais pour l’instant, planning oblige, il faut
reprendre la route, plutôt le sentier, un sentier qui s’élève très rapidement
au-dessus de la vallée. En passant devant la petite chapelle Sainte-Foy, bâtie à
flanc de coteaux, nous respecterons le rite qui recommande au marcheur de faire
sonner la cloche en tirant fortement sur la corde. Nous le faisons, chacun à
notre tour et dans la bonne humeur, provoquant un carillonage qui nous
accompagne sur plusieurs centaines de mètres. Hier, à la messe, le prêtre nous
a demandé de prier pour un pèlerin, Daniel, décédé la veille dans cette montée.
Alors, comment ne pas penser à lui aujourd’hui en gravissant cette pente !
Ce matin, au départ de Conques, nous n’avons
pas rencontré de magasin d’alimentation pour notre ravitaillement et sur le
chemin, tel qu’indiqué sur le guide, nous ne traverserons aucun village. Ça
craint ! Deux choix s’offrent à nous :
tenter de rejoindre le gîte le ventre creux ou consentir à rallonger l’étape de
quelques kilomètres en faisant un crochet par le bourg de Noailhac dans lequel nous
pouvons espérer trouver de quoi survivre. C’est le choix que nous faisons, un
peu risqué à vrai dire, car le
supplément de kilomètres il est certain, par contre trouver de quoi manger, ce n’est pas gagné.
Saint-Jacques est avec nous ; nous dénichons une petite épicerie où
nous pouvons acheter une baguette de pain et de la charcuterie sous vide.
Nous
cassons la croûte un peu à l’extérieur du village, devant la petite chapelle
Saint-Roch. Une statue représente le Saint atteint de la peste, retroussant sa
robe de bure et découvrant son bubon à la cuisse. Son chien à ses genoux lui
apporte le morceau de pain qu’il a dérobé à la table de son maître. Il s’agit
de la représentation la plus fréquente de Saint-Roch. Il avait contracté cette
maladie alors qu’il se trouvait en Italie, en route vers Rome, sur cette voie
que l’on appelle aujourd’hui la Via Francigena. Son titre de « patron des
pèlerins » lui vaut d’être omniprésent sur le Chemin, en France, mais
aussi en Espagne sous le nom de San
Roqué. De nombreuses chapelles lui sont dédiées et dans les églises sa statue côtoie
souvent celle de l’apôtre Saint-Jacques.
Pour la dernière partie de l’étape, nous
n’aurons droit qu’au bitume, ce qui n’est pas particulièrement agréable pour
les marcheurs. Par une longue descente nous atteignons Livinhac-le-haut, petite
cité située dans un méandre du Lot. Je ne connais pas l’origine du nom, mais en
ce qui me concerne je l’aurais plutôt
nommé Livinhac-le-bas tant on doit descendre pour l’atteindre. Le gîte
est installé dans une grande bâtisse au milieu d'un parc clos. Il n’y a pas de
restaurant ouvert le lundi hormis le snack du camping. Il fera très bien
l’affaire. Pour moi ce sera une entrecôte frites, il y a tellement longtemps que j’en
rêvais !
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