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dimanche 26 août 2018

Hornillos del Camino - Castrojeriz




Jeudi 19 septembre 2013 :  Hornillos del Camino -  Castrojeriz :  19,7 km


      Départ au petit matin, le ciel est encore rougeoyant, super, j’adore prendre des photos de lever et coucher de soleil.
      Nous rencontrons beaucoup de cyclistes sur le chemin, en général des vététistes. C’est une différence avec la France, qui trouve peut-être son explication dans le fait qu’ici, en Espagne, le chemin est très roulant contrairement à chez nous où il s’agit plutôt de sentiers étroits, beaucoup mieux  adaptés aux marcheurs qu’aux cyclistes. Ils roulent le plus souvent en groupe de deux ou trois, et, pris dans nos pensées, nous sommes souvent surpris lorsqu’ils nous dépassent. Les rapports avec eux sont toujours cordiaux, nous nous échangeons un « buen Camino » et ils disparaissent.
   Christelle et Jean-Patrick nous rattrapent, je prends une magnifique photo d’eux en contre-jour, puis nous cheminons ensemble. À l’entrée d’Hontanas nous faisons la pause devant l’ermita de Santa Brigita, puis visitons l’église du village. Nous avons de la chance, car nous y trouvons le sacristain, un homme d’un certain âge, qui aime bien s’entretenir avec les pèlerins. Il le fait en espagnol, mais ce n’est pas un problème  pour nous, Christelle fait la traduction en live, merci Christelle. Il nous parle d’une grave maladie qui a sévi dans la région au 11e siècle que l’on appelait alors « Mal des ardents » et qui était causée par l’ergot du seigle. La maladie pouvait revêtir plusieurs formes : convulsions, hallucinations et gangrène et frappait surtout les pèlerins, car les habitants de la région, habitués depuis des générations à consommer le pain de Hontanas, étaient en quelque sorte  immunisés. Les hospitaliers Antonins s’étaient fait une spécialité de soigner cette maladie. Légende ou fait réel ? Pour ma part,  je penche pour la deuxième hypothèse tant le récit du vieillard est convaincant. Il nous dit également avoir fait quatre fois le Camino, et, poursuivant  les confidences, nous avoue que sur ce chemin, il y a quelque chose d’indéfinissable. Je ne suis qu’à mon premier Camino mais je pense avoir déjà ressenti, au moins pour partie, cet « indéfinissable » dont il nous parle. Nous le quittons sur un « muchas gracias », et reprenons notre route.
   Ni le temps ni le décor n’ont changé depuis hier, il fait encore très beau, sans que la chaleur soit  excessive, et nous sommes toujours à pérégriner dans ces paysages merveilleux que nous offre la Meseta. À cette saison de l’année les céréales ont été récoltées depuis plusieurs semaines, les champs ont été labourés et préparés pour les prochaines semailles, et c’est donc un dégradé de brun, de beige, de marron que nous avons devant les yeux. Parfois un champ de tournesols en fleur rompt cette monotonie et apporte au tableau sa touche de verdure et de fraîcheur. Des pèlerins se sont amusés à donner à certaines fleurs des représentations de visages affichant de larges sourires : un clin d’œil de la nature à ceux qui arpentent le chemin. L’art n’a vraiment pas de limite, tous les supports sont bons pour exprimer et traduire  ses idées du moment !
     Peu avant le terme de notre étape, nous passons sous la voûte du couvent de San Anton où au moyen âge les moines  distribuaient les repas aux pèlerins. Aujourd’hui il ne faut pas compter sur ce lieu pour se restaurer, il n’y a que des ruines et plus de moines. À l’arrière subsiste un gîte pouvant accueillir une vingtaine de pèlerins et tenu par les Quakers américains.
     À 13 heures Castrojeriz apparaît, reconnaissable de très loin par la butte qui surplombe la ville avec le château à son sommet, une configuration qui ressemble un peu au site de Villamayor de Monjardin. Encore un de ces lieux  d’Espagne qui a dû connaître des temps forts au moment de la Reconquista. Il nous faut marcher encore plusieurs kilomètres en bordure de route pour rejoindre le bourg qui, à mesure que l’on s’en rapproche, nous apparaît comme coupé en deux : sur la droite un hameau avec l’église Nuestra Senora del Manzano et plus à gauche le reste de la ville, plus imposant. C’est dans cette partie que nous avons réservé notre hébergement.
      Après un petit encas au restaurant de la place, nous rejoignons notre gîte. C’est une vieille demeure, entièrement rénovée, dans laquelle il règne une odeur d’insecticide, insupportable tellement elle est forte. Certainement que notre hôte, pour notre bien, a voulu se débarrasser des mouches, car il faut dire que depuis quelques étapes, elles sont omniprésentes, dans les villes, les restaurants, et même en pleine campagne.  Dès que nous entrons dans la chambre, nous aérons, car comme on dit, entre deux maux, il faut choisir le moindre. Les pièces sont propres, spacieuses, et décorées avec goût. Le patron est un homme qui affiche la soixantaine, pas moins, il nous paraît plutôt Anglais qu’Espagnol. La scène que nous vivons maintenant est assez insolite : l’homme ne parle pas, ouvre son ordinateur portable, un Apple dernier cri, et sans nous regarder, tapote sur le clavier pendant de longues minutes. Que fait-il, sa comptabilité, gère ses réservations... ? Rien de tout  cela. Nous comprenons lorsqu’il tourne l’écran en notre direction. Il était en train de rédiger, dans sa langue, un mot d’accueil à notre intention  et l’a fait traduire par l’ordinateur. Il y explique le fonctionnement de la maison, les horaires, les clés, le petit déjeuner, et précise également qu’il s’appelle Walter et sa femme (que nous n’aurons pas le plaisir de voir), Sharon.
      Nous profitons de l’après-midi pour visiter le village construit sur les flancs de la colline. Beaucoup de maisons apparaissent délabrées ou même en ruine, un peu à l’image du château qui domine la colline. Christelle et Jean-Patrick nous ont quittés, ils ont souhaité aller un peu plus loin aujourd’hui pour raccourcir d’autant l’étape de demain. Dîner avec menu pèlerin et ce soir je troque l’ensalada contre une soupe à l’ail, une spécialité de la région. Un vrai délice !


Soupe à l'ail

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