Vendredi 20 septembre 2013 : Castrojeriz
- Fromista : 26,1 km
La nuit a été
tranquille et reposante, l’odeur de l’insecticide avait disparu, et les mouches
également. Un coin-cuisine nous permet de
préparer un café, et même s’il n’y a rien pour l’accompagner, ça sera
tout de même mieux que de partir l’estomac complètement vide. Nous n’avons pas
vu Walter, alors nous avons laissé un mot sur le tableau noir de l’entrée qui
est justement prévu pour communiquer avec lui : j’ai écrit
« gracias Walter y Sharon »,
je trouve que c’est bien payé vu le peu de temps qu’ils nous ont consacré. Nous
avons vraiment bon cœur sur le chemin ! Il est 8 heures lorsque nous
quittons le gîte, le soleil est en train de se lever et commence à éclairer les
collines à l’horizon d’une belle lumière pourpre. À leur sommet, les
innombrables éoliennes se détachent dans le ciel et s’illuminent à leur tour.
Peu après
Castrojeriz, il y a une forte côte qui nous conduit à l’Alto de Mostalares, un panneau nous
indique une pente à 12% sur plus d’un kilomètre. La beauté du paysage nous fait
oublier la difficulté du chemin. Je ne
cesse de me retourner pour contempler la vue sur Castrojeriz, le soleil qui
s’élève au-dessus des ruines du château et la lumière qui change à chaque
instant. Que c’est beau ! Je prends photo sur photo, c’est en
contre-jour mais qu’importe, souvent ça produit
les meilleurs effets. Je suis en train de vivre là le plus merveilleux moment de mon Camino. Parvenu au sommet, j’attends Gaby et
Marie-Jeanne, et ensemble, nous faisons une petite pause en continuant
d’admirer le paysage.
Nous poursuivons
dans ce décor de Meseta, tout aussi sublime, sauf qu’à cette heure le soleil est déjà trop haut pour
produire ces effets de lumière auxquels nous venons d’assister.
Peu après
l’ermitage San Nicolas, un pont médiéval à 12 arches sur le Pisuerga nous
fait passer de la province de Burgos à
celle de Palencia : changement de province mais pas changement de
paysage. Nous parvenons à Boadilla del Camino peu après 13 heures, c’est là que
nous déjeunons sur une aire spécialement aménagée pour les pérégrinos ; merci
la municipalité. En sortant de la ville, devant l’église, se dresse un pilori
du 15e siècle finement sculpté. J’essaie d’imaginer la scène, les
gens sortant de l’église et passant devant les condamnés enchaînés au monument
en attendant l’exécution de leur sentence : un autre temps,
heureusement révolu, surtout lorsque l’on pense que certains délits punis ici, ne
consistaient qu’au vol de quelques poules ou autres victuailles.
À la sortie du
village le Camino emprunte le chemin de
halage en bordure du canal de Castille. Ce passage est bien agréable car très
ombragé et de plus l’eau apporte un peu de fraîcheur. Ces canaux, parallèles au
Rio Pisuerga, s’ils ont été construits pour la navigation et pour apporter une
force motrice à quelques moulins, ne servent aujourd’hui qu’à l’irrigation des
cultures, car en été les pluies se font rares sur la Meseta. Peu avant Formista
nous longeons un ouvrage original. Il s’agit d’une série d’écluses ovales, dont
les portes ont disparu depuis longtemps, et qui se déversent les unes dans les
autres, formant autant de cascades d’eau.
Parvenus au gîte nous déroulons
une fois de plus le rituel d’une fin d’étape : douche, lessive et
découverte de la ville, de ses églises dont l’église San Martin dernier vestige
d’une abbaye bénédictine fondée au 11e siècle par la veuve du roi de
Navarre.
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