Translate

jeudi 23 août 2018

Golinhac – Conques




Dimanche 11 septembre 2011 :  Golinhac – Conques :      21 km


  Ce matin le temps est orageux, couvert, mais la météo n’annonce pas de pluie pour la journée. Comme tous les jours au moment du départ, une des premières tâches consiste à faire le plein de victuailles pour le déjeuner. Il n’y a qu’une seule épicerie au village et à cette heure matinale elle est prise d’assaut par les pèlerins. Tous évoluent dans les mêmes rayons : pain, charcuterie et fruits. Nous y retrouvons Bernard et également Chloé. Elle nous dit avoir chanté hier soir dans l’église de Golinhac, mais malheureusement, trop occupés par notre belote, nous l’avons manquée. C’est bien dommage !  À l’instar de celui d’hier, le parcours du jour est assez tranquille. Pas d’évènement majeur si ce n’est qu’en suivant aveuglément un groupe de pèlerins Suisses nous quittons le GR65 et devrons rebrousser chemin sur 500 mètres pour reprendre la bonne voie ; rapportés aux 1511 kilomètres du Camino, ce n’est vraiment pas une catastrophe ! Rares sont les endroits, et plus particulièrement les croisements de sentiers, où il peut y avoir des doutes sur la direction à prendre tant le balisage se révèle irréprochable. Les quelques erreurs que chacun peut commettre sont dues au fait que, pris dans ses pensées, le regard fixé sur le bout de ses godillots, le marcheur s’engage sur la mauvaise voie sans remarquer ces symboles rouges et blancs qui lui demandaient de bifurquer. Ces réflexions me font penser à une anecdote qui m’avait bien amusé. Une fois, à un croisement de chemins, j’avais rencontré une dame en pleine hésitation devant des fléchages un peu contradictoires, certains symboles effacés, d’autres surchargés, au point qu’effectivement la situation méritait un minimum d’analyse avant de poursuivre. La dame pour justifier ces instants d’hésitation m’avait alors dit : « j’ai perdu mon GPS ». À une telle déclaration, on est tenté de répondre: « je n’ai rien vu sur le chemin » ou « de quelle couleur était-il ? ». Elle ne m’avait heureusement pas laissé le temps de formuler ce type de réponse qui serait tombée bien mal à propos, ajoutant tout de go : « mon GPS, c’était mon mari ! ». Dieu ait son âme !
    Lorsque nous arrivons à Sénergues, c’est l’heure du déjeuner et par chance, ici,  la municipalité a mis à notre disposition une aire de pique-nique avec tous les accessoires nécessaires, y compris un point d’eau. On peut regretter que cette initiative reste encore une exception. Ce serait une juste reconnaissance, car les pèlerins, même s’ils ne sont pas toujours fortunés, participent pour une part non négligeable à l’économie de la région. Sur le Chemin l’eau constitue un réel souci pour le marcheur. Les guides indiquent de manière assez exhaustive les commerces pour le ravitaillement en denrées alimentaires, les hébergements pour la nuit et également les fontaines, en  positionnant tous ces points stratégiques très précisément sur la carte. La difficulté, c’est que nous ne sommes jamais assurés que nous pourrons y remplir la gourde car à l’expérience nous rencontrons trop souvent des robinets qui grands ouverts,   ne laissent  échapper la moindre goutte d’eau. Différentes raisons à cela : l’installation est hors service et l’information n’a pas été remontée à l’éditeur du guide ou tout simplement parce que  la source a tari, ce qui n’est pas exceptionnel dans cette période de fin d’été. En conséquence et par précaution, nous nous chargeons souvent inutilement de beaucoup de boisson, davantage qu’il en faudrait. Une astuce, que tout pèlerin de bon sens découvre très vite, consiste à repérer les cimetières, car en général la plupart d’entre eux sont équipés d’un robinet pour permettre l’arrosage des fleurs et le nettoyage des tombes. Est-ce à dire que certains villages traitent mieux les morts que les vivants, je n’extrapolerai pas jusque-là ! Pour avoir fait partie dans ma petite commune de cette assemblée d’édiles qui, autour du tapis vert, décident du bien-être de leurs concitoyens, je me souviens que cet espace réservé aux défunts constituait toujours un sujet particulier, car sensible dans l’esprit de chacun, et qu’il fallait donc le traiter avec la plus grande bienveillance. Alors peut-être que ceci explique cela.

   Requinqué et poursuivant ma route je fais un peu plus loin la connaissance d’un Allemand, un sosie parfait du professeur Tournesol. Il enseigne l’histoire dans une université en Allemagne et parle couramment notre langue.  Tout en marchant, nous discutons de différents sujets, mais particulièrement des thèmes ayant un rapport avec l’histoire, son domaine de prédilection. Nous évoquons l’époque  moyenâgeuse en France, celle des templiers et des croisades, la Guerre de Cent Ans  avec l’épisode de la bataille de Poitiers et la révélation de  Philippe le Hardy, enchaînant ensuite tout naturellement sur les ducs de Bourgogne : Philippe le bon qui a étendu son territoire jusque dans les Flandres, Charles le Téméraire et ses querelles avec le roi de France, sa mort devant Nancy. Il connaît tous les évènements qui ont marqué ces périodes et prend un réel plaisir à les raconter en agrémentant son récit de moult anecdotes. L’espace de quelques instants, le pèlerin est redevenu professeur et quant à moi j’éprouve beaucoup de plaisir à échanger avec cet homme, si passionné par son sujet. C’est ainsi que nous parcourons plusieurs kilomètres ensemble et tellement absorbés par la discussion, nous n’avons même pas remarqué que nous sommes déjà en train de pénétrer dans Conques, le terme de notre étape du jour. Nous nous quittons à l’entrée de la ville, chacun devant rejoindre son hébergement.

   La ville est blottie au fond d’une vallée, au confluent du Dourdoux et de l’Ouche. Il faut beaucoup descendre pour atteindre  les premières habitations et ensuite emprunter un dédale de ruelles pour parvenir au cœur de la cité, face à l’abbatiale Sainte-Foy. Nous sommes hébergés à proximité, au centre d’accueil de l’abbaye et ici on ne badine pas avec les punaises de lit ; à notre arrivée et avant de pénétrer dans les locaux, un hospitalier nous demande de placer chaque sac à dos dans un grand sac poubelle préalablement rempli d’insecticide, afin de le décontaminer. Nous nous plions de bonne grâce à cette formalité qui n’a d’autre but que d’assurer le bien-être de chacun. Nous avons ensuite tout juste le temps de nous installer dans nos chambres pour ne pas manquer la messe des pèlerins, célébrée dans la chapelle attenante à l’abbaye.
   Conques tient sa renommée à Sainte-Foy, un enfant martyrisé à l’âge de 12 ans en l’an 303. Quelques siècles plus tard, un moine parvint à dérober ses reliques dans une abbatiale à proximité d’Agen et les rapporta ici. Ce vol aurait alors déclenché  des miracles qui firent de la ville un lieu de pèlerinage.
  Notre journée s’achève par un concert d’orgue à l’Église : tout simplement sublime !








Ane à 2 pattes !












Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Nhésitez pas à me mettre un commentaire , une question ... je vous répondrai