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dimanche 26 août 2018

Frômista - Carrion de los Condes




Samedi 21 septembre 2013 :   Frômista  - Carrion de los Condes :   20,8  km


    Avant de nous mettre en route, nous prenons le desayuno avec Christelle et Jean-Patrick dans une  boulangerie à proximité de notre hébergement. Ce matin nous  bénéficions encore d’un magnifique lever de soleil qui donne un bel éclat ocre à la façade de l’église San Pedro. L’étape n’est pas très longue mais réputée éprouvante, car le chemin ne décolle pas de la route nationale. Pour l’éviter sur une partie du parcours, nous empruntons une variante qui longe le Rio et qui aujourd’hui est parfaitement balisée. Nous parvenons à Villalcazar de Sirga et découvrons l’église des templiers Santa Maria la Blanca, à la fois cathédrale et forteresse, possédant à l’intérieur un puits qui  permettait aux habitants de soutenir les sièges. Elle abrite les tombeaux de l’infant Don Félipe, frère du roi de Castille, et à côté, celui de sa dernière épouse, Léonor de Castro. La localité tient sa notoriété à sa Vierge blanche ; de  nombreux miracles furent attribués à cette sainte  par les pèlerins et une statue la représentant trône au centre du retable de l’église.
     Après Villalcazar, il faut longer la route, une route rectiligne qui n’en finit pas. Enfin Carrion de los Condes apparaît. C’est une ville de 2.000 habitants possédant quelques richesses architecturales, dont le couvent de Santa Clara dans lequel vivent des clarisses cloîtrées, l’église de Santiago, sans oublier l’église Santa Maria de la Victoria. Au fronton du portail de cette dernière, une frise évoquant la légende des 100 vierges.
   Cent vierges devaient être livrées au calife de Cordoue :  4 devaient être données par Carrion de los Condes. En l’an 826, les envoyés du calife venaient en prendre livraison devant les portes de la ville. Les demoiselles demandèrent alors à la Vierge de les sauver. La Vierge apparut aux yeux des jeunes filles ainsi qu’à 4 taureaux qui paissaient tout près de là. Ceux-ci rendus furieux par cette apparition chargèrent les envoyés du calife qui ne revinrent jamais.

     Sur la place du village se dresse une statue en bronze représentant un pèlerin à table après sa journée de marche. Christelle s’assied à côté de lui, et pour la photo, mime le pèlerin abattu, épuisé au terme d’une étape harassante. Elle fait très bien cela, elle n’a pas  besoin de forcer son talent, c’est naturel chez elle. Elle accompagne souvent ses échanges avec les autres de mimiques qui traduisent à la perfection ses sentiments et ses émotions  de l’instant : de l’étonnement, de la colère (rarement), de la fatigue, de la douleur, de la déception … Est-ce la conséquence de sa formation de comédienne ou l’inverse ? Peu importe qui de l’œuf ou de la poule,  ce qui est sûr c’est que ça lui va très bien. Christelle surtout ne change rien !
    Le soir à 19 heures, nous assistons à la messe dans l’Église Santa Maria : deux prêtres officient, entourés de plusieurs sœurs Clarisses. À l’issue de la cérémonie, ils invitent les pèlerins à se rapprocher de l’autel pour recevoir la bénédiction. L’un des prêtres fait l’accueil dans 2 ou 3 langues différentes, puis, énumérant les différents pays du monde, cherche à connaître l’origine de chacun de nous. Il y a là plus de 20 patries représentées, des gens certainement de différentes confessions, des croyants, probablement en majorité, mais peut-être des athées, mais peu importe, tous semblent unis dans une même ferveur que le prêtre a su créer, encore la magie du chemin, l’indéfinissable dont parlait le sacristain d’Hontanas. Enfin c’est le moment de la bénédiction, un moment solennel et plein d’émotion lorsque le prêtre impose les mains sur le front de chacun de nous en faisant le signe de la croix. Une sœur à ses côtés nous tend un panier empli d’étoiles en papier, toutes colorées différemment. Un présent sans grande valeur matérielle si ce n’est  celle d’un centimètre carré de papier, mais d’une grande valeur spirituelle. J’en choisis une, que je glisserai ensuite dans mon portefeuille et qui me rappellera cet autre grand moment du Camino.
    Sur le parvis, Jean-Patrick nous présente l’une de ses connaissances : Youri,  un pèlerin russe de Saint-Pétersbourg qui était ingénieur dans les sous-marins et qui un jour, a tout plaqué pour se consacrer à une étude comparative des différentes religions. Drôle de chemin !
    Puis arrive l’heure du dîner. Ce soir je tente de nouveau la soupe à l’ail mais celle-ci ne vaut pas la précédente, la prochaine fois je reviendrai à l’ensalada.

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