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samedi 25 août 2018

Cajarc – Limogne en Quercy




Mercredi 5 septembre 2012 :   Cajarc – Limogne en Quercy :   18 km


  Ce matin nous entamons notre troisième étape et je commence à retrouver les sensations du Chemin. C’est  bon signe ! Il faut toujours 2 à 3 jours pour faire le vide, s’extraire des trépidations de notre quotidien.  Ici nous n’avons rien à penser, rien de majeur dont nous devons nous préoccuper, le Chemin nous libère de toutes les contraintes :  Il n’y a pas de voiture qui ne démarre pas, de rendez-vous pour lequel nous aurons du retard, pas de réunion à une heure indue, pas de responsabilité, pas de chef… Le principal souci concerne l’état de nos pieds et leur capacité à enchaîner les étapes et sur ce plan, pour l’instant, c’est plutôt pas mal. Mais pour ma part, je pense néanmoins que l’absence de douleur ne suffit pas à faire de moi un jacquet heureux ; il reste un mal à combattre : la solitude. Je n’imagine pas pérégriner seul, j’ai besoin de rencontres, de ces moments d’échanges et de partage avec les autres, de ces instants de convivialité qui font l’ambiance du Chemin, une ambiance que seuls peuvent découvrir ceux qui sont dessus. Un ancien pèlerin me disait que pour retrouver les plaisirs qu’il avait connus, il avait refait quelques étapes en voiture, s’arrêtant le soir dans les gîtes dont il avait gardé de bons souvenirs. Il pensait alors qu’en partageant le dîner  avec ceux qui faisaient étape ici, suffirait à lui faire redécouvrir, pour un soir, les sensations et les joies du pèlerinage telles qu’il les avait vécues. Il me confiait alors s’être trompé et avoir compris après coup que, pour vivre pleinement le Chemin, il faut être sur le Chemin, il faut avoir une histoire commune avec ceux qui dînent avec vous,  avoir admiré les mêmes paysages, découvert les mêmes villages, vu peut être les mêmes personnes, avoir rencontré les mêmes difficultés tout au long de la journée. Pour ma part je ne suis pas étonné de sa remarque et je ne suis pas tenté de faire le même exercice que lui. On ne peut pas vivre le Chemin en pointillé, le Chemin c’est un trait plein, un trait continu !
    Après ces réflexions, revenons au chemin, celui qu’il faut arpenter pour avancer. Au départ, il se confond avec la route et il nous faut marcher plusieurs kilomètres sur le bitume, jusqu’à atteindre Gaillac. Il ne s’agit pas du Gaillac situé un peu plus au sud et réputé pour ses vins, mais d’un tout petit hameau en surplomb du Lot. En parcourant son unique ruelle, dont la longueur ne dépasse pas une centaine de mètres, nous découvrons de chaque côté quelques vieilles demeures  dont le fleurissement est remarquable. Puis, poursuivant notre marche nous nous élevons doucement au-dessus de la vallée. À mesure que l’on progresse, les cultures se raréfient. Un sentier bordé de buis et de murs de pierres sèches nous permet d’atteindre le plateau.  Nous faisons quelques pas à l'écart du GR pour visiter Saint-Jean-de-Laur. Nous y déjeunons sous un tilleul, devant la mairie. Tout en dégustant notre sandwich nous prenons le temps d’observer les lieux. C'est un village qui ressemble à bien d’autres sur ces terres du Quercy où nous ne rencontrons aucune âme, comme si une guerre nucléaire avait d’un coup anéanti toute vie. À regarder de plus près, nous constatons néanmoins que beaucoup de demeures ont été joliment  rénovées ou sont en cours de restauration. Il s’agit probablement de résidences secondaires pour les habitants des villes situées à proximité comme Cajarc ou Cahors. Nous voilà rassurés !
    Nous reprenons notre marche, après avoir visité la petite église du village. Un peu plus loin, sur un amas de pierres surmonté d’une croix, comme on en rencontre beaucoup sur le Chemin, je dépose celle qu’Achille, mon petit-fils, m’a donnée  à mon départ. Voilà, c’est fait, j’espère que mes vœux seront exaucés !
   Ce soir nous sommes hébergés au gîte des Gloriettes. Il s’agit d’une vaste et belle demeure tenue par Marie, une Belge, qui, il y a quelques années, rentrant de Compostelle, a décidé  d’acquérir cette propriété et de la destiner à l’accueil des pèlerins. Elle a choisi de mettre sa gentillesse et son courage au service des autres : une démarche qui mérite d’autant plus notre admiration qu’elle est seule pour gérer l’ensemble des activités de ce grand établissement.



Saint-Jean-de-Laur





Marie des Gloriettes

Les Gloriettes

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