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samedi 25 août 2018

Cahors – Lascabanes




Samedi 8 septembre 2012 :  Cahors – Lascabanes :  21km        


   À la sortie de la ville, pour rejoindre le GR65, nous devons traverser le pont Valentré. Avec la cathédrale, il représente un autre monument emblématique de Cahors. Il est 8 heures lorsque nous y parvenons. Le soleil, encore rasant à cette heure du jour, éclaire les 3 tours de l’édifice d’une belle lumière jaunâtre. On ne peut le franchir sans lever les yeux pour rechercher au sommet d’une tour la pierre sur laquelle, selon la légende,  est accroché le célèbre diable.  Une légende restée encore bien vivace dans l’esprit des Cadurciens et qui dit :
   « La construction s'éternisant et le chantier n’aboutissant pas, exaspéré le maître d'œuvre signe un pacte avec le Diable. Selon les termes de ce contrat, Satan mettra tout son savoir-faire au service de la construction, et s'il exécute tous ses ordres, il lui abandonnera son âme en paiement. Le pont s'élève avec rapidité, les travaux s'achèvent, le contrat arrive à son terme. Pour sauver son âme, car il ne tient pas à finir ses jours en enfer, il demande au diable d'aller chercher de l'eau à la source des Chartreux pour ses ouvriers, avec un crible.
  Satan revint naturellement bredouille, l'exercice étant impossible, et perdit son marché. Décidé à se venger, le diable vient chaque nuit desceller la dernière pierre de la tour centrale, dite Tour du diable, remise en place la veille par les maçons.
  En 1879, lors de la restauration du pont, l'architecte Paul Gout fait apposer dans    l'emplacement vide, une pierre sculptée à l'effigie du démon qui depuis, reste désespérément accroché, les griffes prisonnières du ciment. »
 

   Le pont  franchi nous quittons la vallée du Lot en empruntant des escaliers taillés dans la roche et nous nous élevons très vite au-dessus de la ville. Le sommet de la colline offre un magnifique point de vue sur Cahors. Plus loin, sur le plateau, en bordure de la route nationale, de grands panneaux  dressés dans les champs interpellent les passants. À mesure que l’on s’en rapproche, nous comprenons, en découvrant les slogans qui y sont écrits, qu’il s’agit de revendications des habitants du secteur. Nous pouvons notamment lire sur l’un : « Le Lot département où la vie est la plus chère de France ! », sur un autre « halte  au dictat monarchique ruineux sur nos cantons » ou « travaux = nuisances = hausse des impôts » et sur un quatrième « ni caserne, ni bretelle sur nos terres ». Nous saisissons vite que ces messages ne sont pas destinés aux jacquets mais aux usagers  de la route qui passe à proximité, et particulièrement aux politiques.
   Ce matin nous bénéficions encore du beau temps et la journée s’annonce très chaude. Nous entamons notre cinquième jour de marche sur le Chemin et je ne ressens toujours aucune douleur, aucune fatigue, rien qui puisse altérer le plaisir que j’éprouve chaque jour à arpenter ces sentiers : merci tout de même à Arnica et Nok qui y sont, je pense, un peu pour quelque chose ; rendons à César ce qui appartient à César !
   Après quelques kilomètres nous découvrons le quartier « Les Mathieux » qui dispose d’un gîte très prisé des pèlerins car sa situation, un peu à l’extérieur de Cahors, leur permet de mieux équilibrer les étapes. C’est là que nous faisons la connaissance d’un petit Espagnol qui va marquer tout notre parcours. Il s’appelle Diego et envisage de rejoindre Santiago. Coiffé d’un large chapeau de paille, il est d’une simplicité et d’une gentillesse extrêmes, un pèlerin vraiment  authentique. Au moment où nous le rencontrons il paraît un peu préoccupé car il vient de perdre ses compagnons de marche, une jeune fille nommée Sophie et un copain qu’elle a connu dans une étape précédente ; une situation qui  semble vraiment l’agacer. Marchant beaucoup moins vite qu’eux, ils l’ont distancé dans la côte à la sortie de la ville, et depuis il ne les a pas revus et ne parvient pas à les joindre au téléphone. Nous le quittons en lui promettant, si nous les rattrapons, de leur passer son message.
   Plus loin, deux filles au bord d’une piscine détournent quelques instants notre attention et nous font perdre le GR65. C’est à  Cezac que l’on se rend compte de l’erreur. Il nous faut alors faire un détour de plus de 3 kilomètres sous une chaleur étouffante pour rejoindre le bon itinéraire. Nous nous en serions bien passés, d’autant que nous avons épuisé toutes nos réserves en eau. Heureusement,  nous rencontrons un brave paysan qui remplit  nos gourdes et nous remet sur le chemin. Il nous dit faire partie du conseil municipal et aujourd’hui, ayant pris conscience de ce que représente la détresse d’un marcheur en manque de boisson et qui plus est sous la canicule,  nous promet de prêcher en faveur de l’installation d’une fontaine publique. Je pense alors en moi-même que si le projet se concrétise, nous n’aurons pas souffert pour rien.
   Nous atteignons enfin notre gîte. Il est un peu à l’écart du village.  Nous y rencontrons un autre pèlerin, Nicolas, un Parisien avec lequel nous partageons le dîner.





Avec Diego





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