Samedi
8 septembre 2012 : Cahors – Lascabanes : 21km
À la sortie de la ville, pour rejoindre le GR65, nous devons traverser
le pont Valentré. Avec la cathédrale, il représente un autre monument emblématique
de Cahors. Il est 8 heures lorsque nous y parvenons. Le soleil, encore rasant à
cette heure du jour, éclaire les 3 tours de l’édifice d’une belle lumière
jaunâtre. On ne peut le franchir sans lever les yeux pour rechercher au sommet
d’une tour la pierre sur laquelle, selon la légende, est accroché le célèbre diable. Une légende restée encore bien vivace dans l’esprit
des Cadurciens et qui dit :
« La construction
s'éternisant et le chantier n’aboutissant pas, exaspéré le maître d'œuvre signe
un pacte
avec le Diable. Selon les termes de ce contrat, Satan
mettra tout son savoir-faire au service de la construction, et s'il exécute
tous ses ordres, il lui abandonnera son âme en paiement. Le pont s'élève avec
rapidité, les travaux s'achèvent, le contrat arrive à son terme. Pour sauver
son âme, car il ne tient pas à finir ses jours en enfer, il demande au diable
d'aller chercher de l'eau à la source
des Chartreux pour ses ouvriers, avec un crible.
Satan revint naturellement bredouille, l'exercice étant impossible, et
perdit son marché. Décidé à se venger, le diable vient chaque nuit desceller la
dernière pierre de la tour centrale, dite Tour du diable, remise en place la
veille par les maçons.
En 1879,
lors de la restauration
du pont, l'architecte
Paul Gout
fait apposer dans l'emplacement vide,
une pierre sculptée à l'effigie du démon qui depuis, reste désespérément
accroché, les griffes prisonnières du ciment. »

Le pont franchi nous quittons la
vallée du Lot en empruntant des escaliers taillés dans la roche et nous nous
élevons très vite au-dessus de la ville. Le sommet de la colline offre un
magnifique point de vue sur Cahors. Plus loin, sur le plateau, en bordure de la
route nationale, de grands panneaux
dressés dans les champs interpellent les passants. À mesure que l’on
s’en rapproche, nous comprenons, en découvrant les slogans qui y sont écrits,
qu’il s’agit de revendications des habitants du secteur. Nous pouvons notamment
lire sur l’un : « Le Lot
département où la vie est la plus chère de France ! », sur un
autre « halte au dictat monarchique ruineux sur nos cantons »
ou « travaux = nuisances = hausse
des impôts » et sur un quatrième « ni caserne, ni bretelle sur nos terres ». Nous saisissons vite
que ces messages ne sont pas destinés aux jacquets mais aux usagers de la route qui passe à proximité, et particulièrement
aux politiques.
Ce matin nous bénéficions encore du
beau temps et la journée s’annonce très chaude. Nous entamons notre cinquième
jour de marche sur le Chemin et je ne ressens toujours aucune douleur, aucune
fatigue, rien qui puisse altérer le plaisir que j’éprouve chaque jour à
arpenter ces sentiers : merci tout de même à Arnica et Nok qui y sont,
je pense, un peu pour quelque chose ; rendons à César ce qui appartient à
César !
Après quelques kilomètres nous découvrons le quartier « Les
Mathieux » qui dispose d’un gîte très prisé des pèlerins car sa situation,
un peu à l’extérieur de Cahors, leur permet de mieux équilibrer les étapes.
C’est là que nous faisons la connaissance d’un petit Espagnol qui va marquer
tout notre parcours. Il s’appelle Diego et envisage de rejoindre Santiago.
Coiffé d’un large chapeau de paille, il est d’une simplicité et d’une
gentillesse extrêmes, un pèlerin vraiment
authentique. Au moment où nous le rencontrons il paraît un peu préoccupé
car il vient de perdre ses compagnons de marche, une jeune fille nommée Sophie
et un copain qu’elle a connu dans une étape précédente ; une situation
qui semble vraiment l’agacer. Marchant
beaucoup moins vite qu’eux, ils l’ont distancé dans la côte à la sortie de la
ville, et depuis il ne les a pas revus et ne parvient pas à les joindre au
téléphone. Nous le quittons en lui promettant, si nous les rattrapons, de leur
passer son message.
Plus loin, deux filles au bord
d’une piscine détournent quelques instants notre attention et nous font perdre
le GR65. C’est à Cezac que l’on se rend compte
de l’erreur. Il nous faut alors faire un détour de plus de 3 kilomètres sous
une chaleur étouffante pour rejoindre le bon itinéraire. Nous nous en serions bien
passés, d’autant que nous avons épuisé toutes nos réserves en eau.
Heureusement, nous rencontrons un brave paysan
qui remplit nos gourdes et nous remet
sur le chemin. Il nous dit faire partie du conseil municipal et aujourd’hui,
ayant pris conscience de ce que représente la détresse d’un marcheur en manque
de boisson et qui plus est sous la canicule,
nous promet de prêcher en faveur de l’installation d’une fontaine
publique. Je pense alors en moi-même que si le projet se concrétise, nous
n’aurons pas souffert pour rien.
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