Translate

mardi 21 août 2018

Le Chier – Saugues




Vendredi 2 septembre 2011 :  Le Chier – Saugues :  22 km


Le réveil sonne peu avant  7 heures. La nuit n’a pas été très reposante car je ne me suis endormi que vers 3 heures du matin : le stress a dû être plus fort que la fatigue ou alors c’est la faute à la pleine lune. Voilà une journée qui commence mal d’autant que l’étape du jour comporte son lot de difficultés. Elle doit nous conduire à Saugues, un bourg de 2.000 habitants qui fut jadis une ancienne place forte du Gévaudan. Un dénivelé  très important  nous fait passer, l’espace de quelques kilomètres, d’une altitude de 1200 m sur le plateau du Velay à 600 m sur les rives de l’Allier. Auparavant,  nous traversons St Privas d’Allier, puis la Rochegude, où l’on ne manque pas la visite de la petite chapelle Saint-Jacques, édifiée au 12e siècle. À ses  côtés se dressent les vestiges de la dernière tour d’un château fort qui, au moyen âge, permettait de surveiller la route des marchands menant d’Espagne au Dauphiné. Le site offre une vue magnifique sur la vallée de l’Allier que nous rejoignons  après une descente des plus périlleuses à travers les forêts de pins. Leurs racines, qui serpentent hors du sol, constituent autant de pièges pour le randonneur ; restons vigilants et ne nous laissons pas trop distraire par la beauté des lieux !   
     Heureusement, le temps est sec, et je n’ose pas imaginer une telle descente sous la pluie et sur un sol détrempé. Bon, aujourd’hui la chance est de notre côté et nous ne nous  en plaindrons pas ! Peu après midi nous franchissons le pont Eiffel pour pénétrer dans Monistrol- d’Allier. Nous déjeunons à la terrasse d’un bistrot en bordure de la rivière, savourant pleinement ce moment de repos amplement mérité. À la table voisine deux pèlerines, la quarantaine, dévorent leur sandwich. Nous échangeons quelques mots ; encore en activité,  elles habitent la capitale  et sont venues passer une semaine sur le Chemin, histoire de se mettre à l’écart pendant quelques jours des tracas et trépidations  de la vie parisienne.
Le GR65 coupe la vallée perpendiculairement, ce qui signifie qu’après la descente abrupte il va falloir maintenant affronter, sur le versant opposé, une côte tout aussi raide. Une petite halte à mi-pente à la chapelle Sainte Madeleine nous permet de reprendre notre souffle. Le sanctuaire frappe par son originalité, car creusé à même la roche à la manière des maisons troglodytes, et surmonté de magnifiques orgues basaltiques.
 Il est 18 heures lorsque nous poussons la porte de notre gîte. Tout y est parfaitement organisé : des rayons pour les chaussures que nous quittons à l’extérieur, des râteliers pour les bâtons et des explications sur le fonctionnement de la maison qui nous sont données autour d’un verre de menthe à l’eau. Le temps de faire la lessive, de prendre la douche, arrive le dîner que nous partageons avec  23 autres pèlerins : soupe de légumes, salade de foies de volaille et pot-au-feu. Une table comme on aimerait en trouver davantage sur le Chemin.  Le repas est on ne peut plus copieux, et notre hôte, sur un ton qui n’admet aucune contestation, nous demande, que dis-je, exige, que nous terminions les plats. Nous avons d’autant plus de plaisir à reprendre de la salade que, comme c’est toujours le cas avec ce mets, les foies sont restés au fond du saladier. Il nous reste une dernière tâche avant le coucher : récupérer nos habits que nous avons mis à sécher sur un fil à linge devant la maison. Comme ils ne sont pas totalement secs, la dame, pour nous être agréable, nous propose de les suspendre sur des fils prévus à cet effet au-dessus de sa cuisinière. L’idée est bonne car le foyer est encore chaud ce qui fait que le séchage devrait être rapide. Je m’endors, rassuré de savoir que demain je pourrai reprendre le Chemin dans des vêtements propres et secs.  Mais dans la nuit, dans ces moments de réflexion entre deux sommeils, où souvent l’on se repasse le film de la journée, je me suis souvenu que c’est là, sous ces fils, qu’elle avait fait cuire le pot-au-feu. Je n’osais imaginer comment demain j’allais retrouver mon polo blanc et mon short beige. Mais finalement plus de peur que de mal, les fils n’ont   laissé aucune trace sur les vêtements. Je pense que notre hôte est habituée à cette opération et que son  petit coup d’éponge sur le fil m’aura échappé.





















Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Nhésitez pas à me mettre un commentaire , une question ... je vous répondrai