Mercredi 12 septembre 2012 : Auvillar –
Tarissan : 28 km
De notre fenêtre, nous apercevons au loin
les cheminées d’une centrale nucléaire. Notre hôte nous explique qu’il s’agit
du site de Golfech. Comme je lui demande si la centrale n’est pas source de nuisance pour les villages
avoisinants, elle me répond que bien au contraire la construction de l’usine a
été salutaire pour la région en générant beaucoup d’emplois dans une zone qui
se désertifiait. Au moment, où le débat sur le nucléaire vient sur le devant de l’actualité, voilà qui est
dit !
Ce matin, le temps est couvert, limite pluie. Nous partons peu après 8
heures. La propriétaire nous indique un raccourci qui peut nous faire gagner 3
kilomètres, ce que l’on apprécie bien étant donné que l’étape en totalise plus
de 25. Après les plaines du bord de la Dordogne que nous avons traversées hier,
aujourd’hui nous découvrons un paysage vallonné, avec des champs cultivés à
perte de vue, principalement du maïs, du sorgho et du tournesol dont les fleurs
ont perdu depuis longtemps déjà leur bel éclat jaune d’or. La région vit essentiellement
de céréales et nous nous sommes laissé dire qu’elle s’était spécialisée dans la
production de semences ; des semences qui alimentent la grande
majorité des distributeurs de France.
Nous faisons une pause
ravitaillement au petit village de Saint-Antoine où subsiste encore une modeste
épicerie. Le commerçant insiste pour nous présenter son voisin, un monsieur
surprenant de 70 ans qui occupe toutes ses journées à confectionner des cottes
de mailles. Rien de lucratif dans son travail car, hormis une ou deux fois où
il a travaillé pour un musée, le reste du temps c’est pour son seul plaisir. Étonnant !
Pour la photo, j’enfile une cagoule en
cottes de mailles. Mon Dieu que c’est lourd ! Je n’ose pas imaginer le
poids d’une armure complète.
Peu
après Saint-Antoine, nous quittons enfin le bitume. Nous traversons Flamarens
où l'église du village a subi beaucoup
de dégâts, au point d’être aujourd’hui menacée d’effondrement, puis nous
rejoignons Miradoux. À 17 heures, nous poussons
la porte du gîte : une vieille demeure de pierre dans laquelle il
faut très vite ouvrir toutes les
fenêtres pour chasser les odeurs de renfermé ; il y a certainement
plusieurs jours que la bâtisse n’a pas vu l’ombre d’un pèlerin. Le soir, nous
dînons à la table des propriétaires,
Michel et Ginette, un couple formidable, chacun dans son style, avec un
accent bien de la région, se chamaillant sans cesse et ne faisant entre eux aucune concession ; à
les écouter on pourrait croire qu’ils sont en train de nous jouer un sketch À chacune
des boutades de l’un, l’autre répond par la réplique qui convient et la mimique
de circonstance : on se croirait dans une pièce de théâtre, à la
différence près qu’ici il n’y a pas eu de répétition, tout est improvisation et
le souffleur n’a pas sa place. Ils sont
sensationnels et d’une extrême gentillesse à notre égard. Après avoir
dégusté le Floc, un apéritif propre à la Gascogne, Ginette nous sert un
délicieux civet de lièvre. Il faut expliquer que Michel est chasseur et aux
dires de villageois que nous avons interrogés pour nous indiquer comment
rejoindre sa demeure, ses compétences dans ce domaine ne prêtent pas à
discussion. Les plombs que l’on sent rouler sous les dents attestent bien, s’il
en était besoin, que Michel ne s’est pas ravitaillé chez le boucher du quartier.
Les échanges qui accompagnent le repas sont empreints de beaucoup d’humour. Nos
hôtes nous font profiter de toutes les
anecdotes savoureuses qu'ils ont vécues avec les pèlerins, dont Jean-Pierre
Raffarin qu’ils ont eu l’honneur d’héberger.
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